Koné Katinan, cadre qui a récemment séjourné au Burkina Faso, est accusé d’avoir des rapports avec les pays de l’AES, en vue de « déstabiliser les institutions » de la Côte d’Ivoire.
La plainte, initiée par le Parti pour le progrès et le socialisme (PPS), présidé par Mathias Kakou, a été déposée le 9 août 2024, auprès du procureur de la République de Côte d’Ivoire, contre M. Koné Katinan, un cadre du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le parti de Laurent Gbagbo.
Il s’agit d’une « plainte en pénal » contre M. Koné Katinan, président du Conseil stratégique du PPA-CI pour « atteinte à la sûreté de l’Etat. Il est reproché à M. Koné Katinan d’être « en intelligence avec des ennemis à l’extérieur, notamment avec l’AES, afin de déstabiliser la Côte d’Ivoire ».
Katinan Koné est, par ailleurs, visé par cette plainte pour « apologie des coups d’Etat et pour soutien aux putschistes de l’AES ». Pour le PPS, son séjour au Burkina Faso montre ostensiblement son soutien aux pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
« Invité au Burkina Faso par les autorités militaires de ce pays, M. Katinan, prenant la parole, a publiquement remercié les autorités burkinabés pour l’invitation adressée au PPA-CI dont il est le mandataire du président Laurent Gbagbo », rappelle le PPS dans son motif.
« Pour nous, direction et militants PPS, ce soutien de Koné Katinan, au nom de l’ex-président Gbagbo, à l’ensemble des peuples et des pays de l’AES, constitue un acte séditieux, une stratégie en préparation pour déstabiliser les institutions de la République de Côte d’Ivoire », souligne la note.
Dans son exposé, le PPS insiste que « Koné Katinan est allé au Burkina sous le couvert d’une invitation avec un message de la direction du PPA-CI, message de stratégie afin de déstabiliser la Côte d’Ivoire dans un contexte de luttes et déclarations subversives ».
« C’est un message voilé pour demander le soutien au Burkina et à l’ensemble des pays de l’AES (et à cet effet) le porte-parole du Rhdp (le parti de Alassane Ouattara) a bien vu de dire que Katinan est allé solliciter le soutien des militaires du Faso pour déstabiliser la Côte d’Ivoire, il doit être interpellé », poursuit la note.
Le parti explique au procureur, dans son accusation,, n’avoir « pas de problème dans la forme que M. Katinan remercie les autorités burkinabè pour le fait d’être invité, mais où se pose le problème, c’est le fait qu’il apporte son soutien au président putschiste du Faso, non parce qu’il lutte contre le terrorisme, mais plutôt parce qu’il a fait un coup d’Etat salutaire du fait de manque de démocratie et au nom de la souveraineté et du panafricanisme ».
« Un parti politique légal et sérieux devrait s’abstenir de tel propos et de tel soutien à un pays qui accuse injustement la Côte d’Ivoire et qui menace sa sécurité par une déstabilisation », dans « un contexte de vives tensions » entre les deux pays voisins », souligne M. Mathias Kakou.
Le PPS demande, par conséquent, « l’ouverture d’une information judiciaire afin d’expliquer à toute la population ivoirienne les intentions de ses propos, l’objectif visé de ses déclarations, et d’expliquer les raisons qui l’ont poussé en tant que parti légalement constitué à aller soutenir des coups d’Etat dans les pays de l’AES », conclut l’exposé des motifs.
Le secrétaire général du PPA-CI, Jean Gervais Tchéide, a réagi le jeudi 1er août 2024, à la suite de la déclaration du porte-parole principal du RHDP (pouvoir), M. Adjoumani Kouassi, qui a appelé à ce que M. Koné Katinan, président du Conseil stratégique du PPA-CI, soit « entendu » par la justice.
« Koné Katinan doit rendre compte à l’Etat ivoirien de la mission qu’il est allé faire au Burkina Faso. Il mérite d’être entendu par les autorités compétentes », a affirmé le mercredi 31 juillet 2024 M. Adjoumani Kobenan Kouassi, lors d’une conférence de presse, à Abidjan.
Pour M. Jean Gervais Tchéide, « ce qui est dit le concernant participe de l’ignorance et de l’inculture politique ». Avant d’expliquer l’objet de la mission de Koné Katinan au Burkina Faso, il a fait l’état des relations entre la Côte d’Ivoire et l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
« À ce que je sache et à ce que le PPA-CI sache, la Côte d’Ivoire n’est pas en guerre contre aucun pays de l’AES, ils ne sont pas nos ennemis, au point que lorsque quelqu’un s’y rend, il devient persona non grata ou encore l’ennemi public », a-t-il fait observer.
A ce jour, « la Côte d’Ivoire entretient des relations diplomatiques avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Nous ne sommes pas en rupture (…). Il n’y a donc aucun problème entre la Côte d’Ivoire et ces pays-là », a soutenu M. Tchéide.
« Mieux, je crois savoir que le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire n’a de cesse d’inviter le président de la Transition malienne, Assimi Goïta, en Côte d’Ivoire et que des représentants de l’AES ont été reçus ici à Abidjan », a-t-il renchéri.
« De façon plus particulière, M. Katinan Koné est allé représenter Laurent Gbagbo, qui a été invité par une association burkinabè qui voulait l’honorer dans le cadre de la recherche de la paix et lui décerner même un prix », a précisé Jean Gervais Tchéide.
Selon M. Tchéide, le président du PPA-CI a « dépêché M. Katinan pour le représenter et c’est en reconnaissance de l’hommage rendu à M. Gbagbo que le ministre Katinan a remercié ses hôtes et a rappelé que cet hommage qui est fait par cette association n’est pas le seul ».
« Les pays de l’AES, qui sont nos frères, font face à une grande menace avec les attaques terroristes. Quel mal y a-t-il pour un Africain à soutenir ses frères Africains qui sont en butte à des mouvements djihadistes qui endeuillent et sèment la désolation dans ces pays-là », a déclaré M. Tchéide.
APA/Sf/APA