Alain Lobognon, un député de l’opposition ivoirienne, a soutenu samedi à Abidjan que le parti au pouvoir n’a « pas la majorité pour modifier la Constitution » au niveau du Parlement, lors d’un meeting de deux plateformes de l’opposition.
« Nous sommes deux tiers (au niveau du Parlement), nous avons la majorité…en réalité ils (les partis du pouvoir) n’ont pas la majorité pour modifier la Constitution de la Côte d’Ivoire », a dit Alain Lobognon lors d’un meeting de l’opposition au stade du Palais des sports de Treichville, dans le Sud d’Abidjan.
Ce meeting co-organisé par la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (Cdrp, opposition), conduit par le Pdci, et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, opposition) dont « le référent politique » est Laurent Gbagbo, a enregistré une forte mobilisation.
Le chef de l’Etat Alassane Ouattara a, dans un entretien, à l’occasion de l’an 59 de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, évoqué une modification de la Constitution. Interrogé de savoir si cette révision ciblait des politiques, il a indiqué que si ce changement avait lieu, il ne viserait personne.
« Pour l’élection de 2020, les députés joueront leur partition au sein de l’Assemblée nationale, rassurez-vous, le jour où vous apprenez une loi tendant à modifier la Constitution arrive au Parlement, c’est-à-dire l’Assemblée nationale et le Sénat réunis, sachez que cette loi ne passera pas », a lancé M. Lobognon.
Pour lui, « cette loi ne passera pas parce que le Rhdp (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, la coalition au pouvoir) n’a pas deux tiers au niveau du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis ».
« Lorsque nous allons rejeter cette loi, le président de la République aura deux choix, soit le référendum ou il rédige son texte, en ce moment l’opposition va demander de dissoudre son gouvernement pour mettre en place un gouvernement d’union nationale qui va organiser les élections », a-t-il poursuivi.
Il a d’ailleurs fait savoir que « ça fait six mois que les députés attendent que la liste des députés des différents groupes parlementaires soit publié au journal officiel de la Côte d’Ivoire, mais le Rhdp dit qu’ on est pas d’accord ».
« Je vais vous demander de regarder l’essentiel, c’est de se tenir prêt pour figurer sur la liste électorale. Aucun Ivoirien ne doit boycotter la liste électorale », a-t-il dit aux militants, avant d’ajouter « prenez dès demain votre certificat de nationalité et vous allez figurer sur la liste électorale ».
Le député de Fresco (sud-ouest), Alain Lobognon, a appelé les militants de l’opposition à ne se « laisser pas distraire par le Rhdp », car « le Rhdp le sait, 2020 c’est terminé, c’est le terminus ».
Il a aussi réagi face aux propos du Rhdp qui dit avoir un acquis de 3 millions d’électeurs, soit la moitié de l’électorat en Côte d’Ivoire, faisant remarquer que « les Ivoiriens ne sont pas 3 millions », mais près de 25 millions.
Le Front populaire ivoirien (Fpi), le parti de Laurent Gbagbo était impliqué dans l’organisation de ce meeting. Mme Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président a pris part à ce rassemblement qui a mobilisé des milliers de militants de l’opposition.
AP/ls/APA