L’embouchure de Grand-Lahou, station balnéaire située dans le Sud de la Côte d’Ivoire, se « déplace depuis quelque temps » avec un rythme « très accéléré de 150 mètres par an ».
Ce phénomène crée l’érosion du littoral, engendrant une perte de terrain au profit de la mer. L’effritement du cordon dunaire de Grand-Lahou a d’ailleurs dissipé le cimetière avec des tombes parties en mer et provoqué le déplacement du village des pêcheurs.
Selon Éric-Valère Djagoua, coordonnateur adjoint du Projet WACA, programme de gestion du littoral ouest-africain, l’érosion côtière a emporté des infrastructures coloniales et des vestiges avec une avancée plus marquée de l’océan, qui menace la viabilité des activités économiques.
Le projet WACA, dira-t-il, est une réponse à l’érosion du littoral ivoirien et à la forte pression des riverains sur l’écosystème avec des impacts négatifs sur les ressources naturelles ainsi que l’économie et l’environnement.
Résilience des communautés
Les zones littorales sont des espaces particulièrement attractifs pour les hommes et propices à leurs activités. Elles regorgent en outre d’une abondance d’espèces, dont certaines sont rarissimes et présentent des écosystèmes variés avec une diversité biologique très appréciable.
L’érosion côtière a engendré des communautés vulnérables dans la commune de Grand-Lahou, zone pilote du projet WACA. Le programme cible également les populations vivant autour du Parc national d’Azagny et du Parc national des Îles Ehotilé ainsi que celles le long de la côte.
Le projet financera la construction ou la réhabilitation d’ouvrages de protection tels que des digues, des brises-lames, des travaux de stabilisation du cordon sableux. Pour ce faire, plusieurs études ont été réalisées dans les zones d’exécution du projet, notamment à Grand-Lahou et au niveau de l’embouchure du fleuve Bandama.
Les résultats des études révèlent que, grâce au Projet WACA, 1.711 ménages situés dans les zones côtières ciblées sont moins exposés à l’érosion et 6.279 ménages sont moins exposés aux inondations, tandis que 2.200 ont accès à des activités de subsistances améliorées.
Pour que les professionnels des médias s’imprègnent du projet pour une sensibilisation plus accrue, il a été organisé le 27 avril 2023, à Abidjan, un séminaire consacré aux journalistes. Durant cette session, ils ont été instruits sur l’enjeu du projet, les actions engagées et les perspectives.
Professeur Abé Delfin Ochou, coordinateur de projet WACA Côte d’Ivoire, a fait savoir que ce projet compte miser sur la sensibilisation des populations vivant dans les zones côtières afin qu’elles s’approprient les bonnes pratiques de protection de l’environnement.
Sauvegarde de l’écosystème du littoral
Après le projet WACA, l’équipe du professeur Abe Ochou travaille à ce que les actions ne s’estompent pas. C’est pourquoi, proposera-t-elle, l’institution d’une Agence nationale de gestion intégrée du littoral (ANAGIL) dans l’optique de la continuité. Cette agence devrait être bientôt adoptée par le gouvernement ivoirien.
Le Projet WACA, entré en vigueur en septembre 2018 pour une période de cinq ans, est doté d’un financement de 15,8 milliards de Fcfa. Il a été prorogé jusqu’en 2025 et devrait couvrir 17 pays africains allant de la Mauritanie au Gabon.
La zone du projet, au plan écologique, abrite une forte diversité et un important potentiel de fixation du carbone atmosphérique. Le Projet Waca financera la réhabilitation et le reboisement des champs de mangroves notamment dans le complexe lagunaire de Grand-Lahou, les Parcs d’Azagny et des Iles Ehotilé.
Cette activité, qui implique les communautés locales, vise à stabiliser les berges de la lagune de la commune de Grand-Lahou et à réduire les effets de l’érosion sur des sites pilotes ciblées, tout en préservant et en gérant les écosystèmes existants.
Pour réduire les différentes pressions sur les ressources des écosystèmes, le projet financera également des activités génératrices de revenus au profit des ménages et des personnes les plus vulnérables qui seront identifiés à la suite d’une évaluation.
Le projet prend, par ailleurs, en compte les pêcheurs et les mareyeuses des zones pilotes, les personnes vivant sur les terres marginales (bandes de sable de Lahou Kpanda) ainsi que les personnes travaillant dans l’agro-industrie et le tourisme situé près des sites du projet.
AP/APA