Le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) indique avoir effectué une analyse de la liste électorale, où il y a entre 2 millions et 6 millions d’électeurs aux identités incomplètes, conformément à l’article 7 du Code électoral.
Apollos Dan Thé, vice-président du FPI, chargé de l’économie internationale, de la mondialisation et des politiques d’intégration a présenté, ce samedi 29 mars 2025, au siège du parti, à Abidjan, les résultats de son analyse sur les listes électorales de 2015 à 2024.
Il a souligné, d’entrée de jeu que l’article 7 du Code électoral prescrit l’inscription du nom et prénoms du requérant, la date et lieu de naissance, le sexe, la profession, le domicile, le nom et prénoms du père et de la mère, la date et lieu de naissance du père et de la mère, la photo d’identité et les empreintes digitales.
« Sur la violation de l’article 7 du Code électoral, nous disons qu’il y a eu des inscriptions massives sur la liste électorale en 2020, 2023 et 2024 de personnes qui ne remplissaient pas les critères de l’article 7 du Code électoral pour être sur la liste électorale », a-t-il soutenu.
« Ces cas sont entre 2 et 6 millions sur la liste provisoire de 2024 et parmi ces cas, il y a près de 500 000 qui n’ont pas décliné suffisamment leur propre identité, ni celle de leurs parents », a fait remarquer Apollos Dan Thé, face à la presse.
Apollos Dan Thé a estimé qu’au regard de ces faits, « il est nécessaire de faire une enquête approfondie pour comprendre comment la CEI (Commission électorale indépendante) a pu laisser passer de telles inscriptions sur la liste électorale ».
Il a précisé que « sur la liste électorale, il y a 470 877 électeurs, dont l’identité n’est pas suffisamment établie », mentionnant qu’ « ils n’ont pas donné toutes les informations sur leur propre nom et prénoms, date et lieu de naissance et les noms et prénoms de leurs parents ».
Sur le fichier électoral, « ces électeurs ont généralement pour nom ou prénom, nom et prénoms de leurs parents le vide (rien n’est écrit) ou bien les mentions suivantes : Inconnu, N, Pnd, Non déclaré, Inconnue, Non déclarée, Indéterminé, Indéterminée, ND, PND », a-t-il relevé.
L’analyse ressort que sur 6 millions 300 142 électeurs en 2015, on a 1 million 109 808 électeurs ayant des identités incomplètes, soit 18%. En 2016, lors du référendum constitutionnel, la liste électorale comprenait 6 millions 318 311 électeurs dont 1 million 331 123 électeurs en violation de l’article 7 du Code électoral, soit 21% d’identités incomplètes.
A l’occasion de l’élection présidentielle de 2020, 7 millions 495 082 électeurs ont été enrôlés en définitive sur le listing électoral, dont 2 millions 238 687 d’électeurs en violation de l’article 7 du Code électoral, soit 30% d’identités incomplètes.
Lors des élections couplées, municipales et régionales de 2023, l’analyse indique que la liste électorale comportait au total 8 millions 016 796 électeurs, dont 2 millions 760 404 électeurs en violation de l’article 7 du Code électoral, soit 34% d’identités incomplètes.
La CEI a dévoilé le 17 mars 2025, une liste électorale provisoire de 8 millions 981 312 électeurs, à l’ouverture du contentieux électoral, en vue de la présidentielle d’octobre 2025. Selon l’analyse, 6 millions 272 013 électeurs sont en violation de l’article 7 du Code électoral, soit 70% d’identités incomplètes.
L’analyste note qu’en 2010, sur une liste de 5 millions 725 720 électeurs nouvellement inscrits, seulement 100 636 avaient des informations incomplètes de leur identité, ce qui fait 2% des électeurs. En 2015, sur 574 646 nouveaux inscrits, 25 775 avaient des informations incomplètes sur leur identité, soit un taux de 4%.
En 2016, sur 139 521 nouveaux inscrits, 8 147 avaient des informations incomplètes, soit 6%, alors qu’en 2020, sur 1 million 185 634 nouveaux inscrits, 152 740 avaient des informations incomplètes, soit 13%, poursuit l’analyse.
En 2023, sur 575 489 nouvellement inscrits, 152 031 avaient des informations incomplètes, ce qui fait 26% des nouveaux inscrits. Par contre, en 2024, sur 788 746 nouvellement inscrits, 65 013 ont des informations incomplètes, ce qui fait 8% des nouveaux inscrits.
« Les violations de l’article 7 du code électoral mettent en cause la qualité, la transparence et la fiabilité de la liste électorale », conclut M. Dan Thé. Pour lui, « une liste électorale opaque ne peut aboutir à des élections transparentes », d’où « un audit indépendant s’impose ».
AP/Sf/APA