L’ex-chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, interpelle le gouvernement à l’effet d’engager des discussions « avec tous ceux qui ont un intérêt » avec l’élection présidentielle d’octobre 2025, notamment la classe politique, en vue d’un scrutin « juste et apaisé ».
Lors d’un meeting, ce samedi 8 février 2025, devant des milliers de personnes à Marcory, dans le Sud d’Abidjan, Laurent Gbagbo, le président du PPA-CI, un parti de l’opposition, a soutenu qu’il faut permettre la liberté d’expression, un élément fondamental en démocratie.
« Dès que tu exprimes une idée contraire à celle des détenteurs provisoires du pouvoir, on te convoque à la police, puis au tribunal, et le procureur fait un discours pour demander une prison à vie ou une condamnation à 20 ans », a-t-il déploré.
« Non, ça, ce n’est pas la démocratie. La démocratie, il faut que Pickass (membre du PPA-CI) exprime son point de vue, il faut que Koua Justin exprime son point de vue, il faut que Guillaume Soro exprime son point de vue (…) il faut que chacun exprime son point de vue », a-t-il dit.
Pour lui, il faut qu’on arrête cette pratique « si on veut que les élections se passent dans la paix, la tranquillité et la sérénité, il faut qu’on arrête de brimer ceux qui professent un point de vue contraire à celui de ceux qui sont au pouvoir ».
« Tous nos jeunes qui sont traînés devant les tribunaux comme des malpropres, et qui toutes les semaines vont au tribunal, je les soutiens, je leur donne mon appui parce qu’ils ne sont pas des voleurs, ni des malhonnêtes, parce qu’ils sont des libres penseurs », a-t-il ajouté.
Concernant la Commission électorale indépendante (CEI), créée en 2000 sous feu Guei Robert, après d’âpres luttes dont il était le meneur, Laurent Gbagbo, milite qu’ « il faut un organe indépendant avec des personnes neutres et indépendantes pour organiser les élections ».
En outre, « il faut respecter ceux qui organisent les élections », toutefois « il faut que les gens de la CEI se rendent respectables (avec) des hommes au service de la patrie qui travaillent de façon juste pour que la nation s’en sorte, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il poursuivi.
« Aujourd’hui, dès que les gens de la CEI parlent, tout le monde dit qu’ils sont membres du RDR (le parti de Alassane Ouattara) », a martelé l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, pour qui « il faut une CEI respectable ».
Au niveau des électeurs « les gens tripatouillent les listes. On a des femmes qui sont les mamans de 500 enfants sur la liste électorale, ça c’est possible ça ! », a-t-il lancé, mentionnant qu’ « on a des électeurs qui ne connaissent pas le nom de leurs parents, ni de leur père, ni de leur mère ».
« Il faut que les listes électorales soient vidées de tous les noms qui ne doivent pas y être ; et il faut que la CEI, d’abord soit une Commission électorale et non un clan d’amis et qu’elle soit réellement indépendante », a-t-il poursuivi.
« Si toutes ces conditions ne sont pas remplies, c’est difficile d’avoir la paix. C’est avant les élections qu’on crée les conditions de la paix et non pas après. Je propose donc au régime, à ceux qui sont momentanément au pouvoir de prendre à bras le corps le sujet, de discuter avec la classe politique », a-t-il affirmé.
Laurent Gbagbo a insisté qu’ « il faut créer les conditions d’une élection apaisée, d’une élection démocratie et sans violence. Mais, pour que cela soit, il faut que tous les acteurs soient de bonne volonté et n’aient pas la fraude dans un coin de leur cerveau ».
Condamné en 2018 par la justice ivoirienne, pour « braquage » de la BCEAO, Laurent Gbagbo a été gracié en 2022 par Alassane Ouattara. La grâce présidentielle permet au condamné de ne pas purger sa peine, mais ne l’annule pas, d’où M. Gbagbo a besoin d’une amnistie pour pouvoir être réintégré sur le listing électoral ivoirien.
AP/Sf/APA