Le Collectif des organisations de la société civile pour le cadre de concertation Etat-société civile, a dévoilé ce samedi 6 janvier 2024, à Abidjan, les résultats d’une enquête sociale sur la hausse du coût de l’électricité en Côte d’Ivoire.
L’enquête sociale, pilotée par le Collectif des organisations de la société civile pour le cadre de concertation Etat-société civile, une entité naissante regroupant une cinquantaine de membres, s’est déroulée du 27 au 31 décembre 2023 et a porté sur 2030 personnes interrogées.
Selon Jean Ndouffou, qui a piloté l’enquête sociale, il a été demandé à la population de donner ses impressions relativement à la hausse des prix de l’électricité. L’Etat de Côte d’Ivoire a effectué deux fois la hausse des tarifs du courant en 2023.
Tout d’abord, dira-t-il, l’enquête révèle que 26,2% d’Ivoiriens ont souhaité que leurs noms et contacts figurent dans la documentation finale de l’enquête sociale, faisant observer que « 73,8% d’Ivoiriens préfèrent garder l’anonymat » sur les questions d’intérêt national.
Il a indiqué que « toutes les localités de la Côte d’Ivoire ont été pratiquement touchées » par l’enquête. L’augmentation généralisée du tarif d’électricité de 10% en décembre 2023, a été perçue comme un élément qui vient grever la bourse des citoyens.
Le ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, Mamadou Sangofowa-Coulibaly, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue le 26 décembre 2023, que le gouvernement ivoirien a décidé d’un ajustement du prix de l’électricité de 10% à compter du 1er janvier 2024.
En juillet 2023, le gouvernement avait décidé d’un ajustement du prix de l’électricité à 9,6%. Cet ajustement ne concernait que 11% des abonnés, notamment ceux de 15 A et plus, dans un contexte de déséquilibre du secteur de l’électricité qui s’est aggravé avec la guerre russo-ukrainienne.
Le secteur, en Côte d’Ivoire, s’est dégradé avec cette situation de crise, au point que pour rétablir l’équilibre, cela nécessitait un ajustement de 27% sur les tarifs de l’électricité. Il reste, en dépit de ces réajustements, un manque à gagner de 7% pour assurer l’équilibre financier du secteur.
Sur la question de savoir si cette mesure était justifiée, « 96,4% de la population vivant en Côte d’Ivoire considère que cette mesure n’est pas du tout justifiée ». Ensuite 98,2% des enquêtés estiment que « cette mesure n’est pas du tout soutenable ».
Interrogés de savoir si d’autres solutions s’offrent au gouvernement que de faire supporter l’augmentation du tarif du Kw de l’électricité aux populations, 97,2% des enquêtés ont répondu « oui », soutenant que l’Etat peut envisager d’autres pistes comme la réduction de son train de vie.
Le ministère des Mines, du pétrole et de l’énergie a assuré que les prix des produits de grande consommation seront contrôlés. Pour 94,5% des enquêtés, les mesures de concertation et de contrôle des prix ont déjà prouvé leur inefficacité dans les mêmes contextes que par le passé. Seulement 5,5% croient aux mécanismes de concertation et de contrôle des prix.
Pour atténuer l’impact de cette mesure, les enquêtés souhaitent que le gouvernement ivoirien se tourne, entre autres, vers les énergies renouvelables comme le solaire, la réduction du train de vie de l’Etat et la suppression de certaines institutions budgétivores.
A l’issue d’échanges tenus les 20 et 21 décembre 2023, les membres du collectif ont admis qu’il fallait formaliser l’organisation, dont les statuts ont été validés ce samedi 6 janvier 2024, lors d’une rencontre des acteurs.
Joël N’Guessan Nda, le président du Collectif des organisations de la société civile pour le cadre de concertation Etat-société civile a expliqué que la faîtière s’attellera à focaliser son attention sur les questions d’intérêt national afin de dégager des pistes de solutions.
Les assises du collectif ont démarré depuis le 12 décembre 2023. Les membres signataires ont convenu de la mise en place d’un mémorandum d’entente en 16 points qui stipule que toutes les grandes tendances de la société civile ivoirienne peuvent se concerter sur des questions d’importance nationale.
Le président du collectif a rappelé qu’une concertation Etat- société civile est prévue dans le cadre du Programme national de développement (PND 2021-2025), invitant les institutions de l’Etat à coopérer avec la société civile sur les projets initiés.
Concernant le déficit structurel au niveau de l’électricité, Joël N’Guessan Nda, a martelé que « cette augmentation est un peu réprouvée par la population ». L’une des solutions serait de réduire davantage la corruption et d’accroître la mobilisation des ressources budgétaires.
Pour lui, le gouvernement ivoirien peut prospecter de nouvelles niches de recettes, ou encore opérer des taxations sur des superprofits. En outre, l’entrée en production du champ pétrolier Baleine, peut permettre de ne pas faire d’autres hausses sur les tarifs de l’électricité.
Nicole Tiécoura, un membre du collectif, a appelé à ce que la société civile soit davantage impliquée dans l’organisation de la 34e Coupe d’Afrique des Nations de football, que la Côte d’Ivoire abrite du 13 janvier au 13 février 2023.
Quant à Mme Nicole Anougbé, un autre membre du collectif, la population a déjà subi une « grande inflation » liée à la pandémie de Covid-19 et à la guerre russo-ukrainienne. Cela crée « aujourd’hui une tension dans le panier de la ménagère et dans la poche des citoyens ».
AP/APA