Plus de 230 000 personnes ont fui les violences dans les Kivus depuis le début de l’année, alors que la province de la Tshopo reste menacée par des tensions intercommunautaires, alerte le HCR.
Dans l’Est de la République démocratique, minée par une guerre qui s’éternise, la situation devient de plus en plus critique pour la population. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), « l’escalade des affrontements entre les groupes armés non étatiques et l’armée congolaise dans les deux provinces du Kivu intensifie l’une des crises humanitaires les plus alarmantes au monde, dont on ne parle pas assez. »
La situation est particulièrement critique dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, qui abritent déjà 4,6 millions de déplacés internes. Du 1er au 6 janvier, les combats intenses dans les territoires de Masisi et de Lubero ont forcé environ « 150 000 personnes à fuir, tandis que 84 000 autres ont été déplacées dans le territoire de Fizi. »
« Les combattants utilisent les maisons des gens comme abris, mettant en danger les résidents, brouillant la distinction entre combattants et civils », explique Eujin Byun, porte-parole du HCR, citée dans une note parvenue ce vendredi à APA. L’accès humanitaire est fortement limité par l’insécurité, les barrages routiers et la présence d’acteurs armés.
La situation financière est également préoccupante. « Un accès sûr et sans entrave pour les travailleurs humanitaires doit être garanti, et les mesures visant à protéger les civils – en particulier les femmes et les enfants – doivent être prioritaires », insiste Mme Byun, précisant que le HCR n’a reçu que 10 % des 226 millions de dollars nécessaires cette année.
Dans la province de la Tshopo, la situation n’est guère plus rassurante. Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté 303 victimes civiles depuis février 2023, dans un conflit opposant les communautés Mbole et Lengola.
« Les suspects des atteintes ont été unanimement identifiés comme étant de jeunes parlant dans la majorité des cas le Mbole/Lingala ou le Swahili/Lengola », rapporte le BCNUDH, notant que ces assaillants « détenaient des armes à feu, des machettes, des couteaux et de flèches empoisonnées. »
Ce conflit, qui trouve son origine dans un litige foncier de 4 000 hectares, a déjà provoqué le déplacement de 107 000 personnes. Les violences incluent des cas particulièrement graves, notamment « des viols collectifs, des viols précédés, accompagnés ou suivis de traitements inhumains et dégradants », selon le rapport du BCNUDH.
ARD/te/Sf/APA