Le pays compte actuellement plus de 4,5 millions de déplacés internes.
La guerre entre les armées rivales au Soudan prend de l’ampleur et devient de plus en plus brutale, ayant chassé près de six millions de personnes de leurs foyers depuis qu’elle a éclaté en avril et aggravant une situation d’urgence humanitaire déjà complexe, a averti le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
« La guerre qui a subitement éclaté a transformé des maisons soudanaises auparavant paisibles en cimetières », a déclaré Dominique Hyde, directrice des relations extérieures au HCR.
Elle s’est rendue dans le pays la semaine dernière et a été témoin de l’aggravation de la souffrance humaine.
« Loin des yeux du monde et des gros titres des journaux, le conflit au Soudan continue de faire rage. A travers le pays, une crise humanitaire inimaginable se déroule, alors que de plus en plus de personnes sont déplacées par les combats incessants », a ajouté Mme Hyde.
Au Soudan, 4,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays depuis avril, lorsque la guerre a commencé, tandis que 1,2 million d’autres – principalement des femmes et des jeunes filles – ont fui vers les pays voisins, y compris le Tchad.
Répétition des atrocités au Darfour
La responsable du HCR a souligné la situation dans la région instable du Darfour, où les combats entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) ont provoqué encore plus de déplacements, des milliers de personnes luttant pour trouver un abri et beaucoup dormant sous des arbres au bord de la route.
« Nous sommes très préoccupés par le fait qu’ils n’ont pas accès à la nourriture, à un abri, à de l’eau potable ou à d’autres produits de première nécessité », a-t-elle déclaré, ajoutant: « Il est honteux que les atrocités commises il y a 20 ans au Darfour puissent se reproduire aujourd’hui avec si peu d’attention ».
En juillet, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la région, à la suite de la découverte de charniers de quelque 87 membres de la communauté ethnique Masalit, qui auraient été tués par les forces de sécurité de la République et des milices affiliées.
Situation dans l’État du Nil blanc
Mme Hyde a également abordé la situation dans l’État du Nil blanc, où l’on estime à plus de 433 000 le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, qui s’ajoutent aux quelque 300 000 réfugiés, pour la plupart Sud-Soudanais, hébergés dans une dizaine de camps depuis l’avant-guerre.
Elle a déclaré que l’augmentation des déplacements a « submergé » les services essentiels dans les camps de réfugiés, notant également que, comme dans le reste du Soudan, les écoles ont été fermées au cours des sept derniers mois, les personnes déplacées ayant trouvé un abri temporaire dans les salles de classe.
La situation sanitaire est également particulièrement alarmante : plus de 1 200 enfants de moins de cinq ans sont morts dans la province entre la mi-mai et la mi-septembre en raison d’une épidémie de rougeole combinée à des niveaux élevés de malnutrition, et au moins quatre enfants meurent chaque semaine en raison du manque de médicaments, de personnel et de fournitures essentiels.
« Devant l’un des camps de réfugiés, on peut voir des monticules de terre qui ne sont que de petits cimetières pour les enfants qui sont morts », a déclaré Mme Hyde.
Exode vers le Tchad
La crise au Soudan a également provoqué un exode de réfugiés vers les pays voisins, notamment le Tchad, où environ 450 000 Soudanais ont trouvé refuge depuis avril, venant s’ajouter aux personnes déjà déplacées du Soudan et d’autres pays.
Bien qu’il soit l’un des pays les plus pauvres et qu’il soit confronté à de graves problèmes humanitaires, le Tchad accueille près d’un million de réfugiés.
Au début de l’année, les humanitaires ont lancé un plan de réponse humanitaire de 921 millions de dollars visant à aider les 5,2 millions de personnes les plus vulnérables. Cependant, alors qu’il reste à peine huit semaines dans l’année, ce plan n’est financé qu’à hauteur de 26 %.
Faire la paix, pas la guerre
Natalia Kanem, directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), qui vient de rentrer à New York en provenance du Tchad, s’est adressée aux journalistes au siège des Nations unies mardi.
La directrice de l’agence des Nations Unies pour les droits reproductifs a souligné ses rencontres avec des femmes leaders et des survivantes de violences sexuelles et sexistes, ainsi qu’avec ceux qui les soutiennent, réitérant l’importance de l’autonomisation des femmes et de leurs alliés dans la construction d’un avenir juste, pacifique et prospère pour le Tchad.
« En ce moment délicat de l’histoire de l’humanité, il est clair que le sort de l’humanité n’est pas entre les mains d’hommes brandissant des bombes, mais qu’il repose sur les femmes et leurs alliés qui se tiennent ensemble pour faire la paix », a-t-elle déclaré.
LB/te/APA