Au cours du seul premier semestre 2024, en République démocratique du Congo, plus de 940 000 personnes ont été contraintes de fuir les violences perpétrées par une multitude de groupes armés non étatiques, alerte le HCR.
La République démocratique du Congo (RDC) se trouve face à une crise humanitaire alarmante, selon un récent rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Au cours du premier semestre 2024, plus de 940 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en raison de violences perpétrées par divers groupes armés non étatiques.
Ce nouvel exode porte le nombre total de déplacés internes en RDC à plus de 6,4 millions de personnes, beaucoup ayant été forcées de se déplacer à plusieurs reprises, souligne le document.
La violence endémique dans les provinces de l’Est, notamment au Nord-Kivu et en Ituri, a entraîné des violations massives des droits de l’homme, a relevé Mme Ruven Menikdiwela, Haut-Commissaire adjoint du HCR chargé de la protection, qui a effectué une visite d’évaluation dans le pays.
Les témoignages recueillis par Mme Menikdiwela font état d’atrocités inimaginables : meurtres, détentions, enlèvements, extorsions et recrutement d’enfants par des groupes armés. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables, subissant des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre à une échelle sans précédent.
Les chiffres sont alarmants : dans le seul Nord-Kivu, 27 328 cas de violences basés sur le genre ont été signalés au premier semestre 2024, dont 63 % sont des viols, dit le rapport. Cette situation pousse de nombreuses femmes et filles déplacées à adopter des mécanismes de survie dangereux, tels que le commerce du sexe ou des incursions risquées dans les zones de conflit pour trouver de la nourriture et du bois de chauffage, poursuit le rapport.
La sécurité dans les sites de déplacement est également préoccupante. Le 26 septembre, une attaque sur le site de Lushagala, près de Goma, a fait trois morts et 21 blessés parmi les déplacés. Ce type d’incident n’est malheureusement pas isolé, avec près de 20 attaques similaires enregistrées cette année au Nord-Kivu.
Face à cette crise, le HCR appelle toutes les parties au conflit à faire du bien-être des civils une priorité absolue. L’agence insiste sur la nécessité de garantir le caractère humanitaire et civil des sites de déplacement et de rétablir un passage sûr pour les populations déplacées.
Malgré ce tableau sombre, Mme Menikdiwela a également souligné des lueurs d’espoir. Elle a notamment évoqué des programmes d’intégration locale réussis, où des familles déplacées ont pu reconstruire leurs vies, créer des entreprises et contribuer positivement à leurs nouvelles communautés.
Cependant, le manque de financement entrave considérablement l’action humanitaire. Au 31 août 2024, le HCR n’avait reçu que 37 % des 250 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins des personnes déplacées en RDC. L’agence lance donc un appel pressant à la communauté internationale pour un soutien financier accru.
ARD/Sf/te/APA