Justin Koné Katinan, le président du Conseil stratégique et politique (CSP) du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, soutient que les récents déguerpissements à Abidjan, ont engendré des perturbations économiques.
Réagissant aux déguerpissementscà Abidjan, lors de la Tribune du PPA-CI, au siège du parti, le président du Conseil stratégique et politique (CSP) du PPA-CI, Katinan Koné, a fait observer ce lundi 13 novembre 2024, que « le secteur informel qui produit 60 à 80% d’emplois en Côte d’Ivoire » a été secoué à la suite des opérations.
Citant le rapport du ministère chargé des Finances, M. Justin Katinan Koné, a précisé que le déguerpissement est l’un des facteurs explicatifs de la « contre-performance de la mobilisation des ressources internes constatée cette année 2024 » dans le budget de l’Etat ivoirien.
« Le déguerpissement a accentué la contre-performance de l’État ivoirien dans la mobilisation des ressources internes, parce que non seulement, il y a eu perturbation du circuit économique et une perturbation au niveau de l’information », a ajouté M. Katinan Koné.
Il mentionnera que l’illustration la plus parfaite de cette situation est la faiblesse des ressources fiscales au niveau de la taxe des petites entreprises, qui affichent d’ailleurs l’un des taux les plus faibles dans la mobilisation des recettes cette année.
Selon Dr Katinan Koné, derrière ce déguerpissement se trouve également « un enjeux financiers énorme, sous le silence complice des municipalités », car après le déguerpissement, « le District d’Abidjan a commencé à passer des conventions de concession avec des sociétés privées. »
Évoquant une publication de Amnesty International du 14 août 2024 sur les déguerpissements au Banco 1, dans le Nord-ouest d’Abidjan, il a relevé que « les déguerpis n’ont pas été notifiés de la cause d’utilité publique et il n’y a pas eu non plus d’indemnisation au préalable, mais à postériori ».
Prenant l’exemple du quartier Abattoir de Port-Bouët (Sud), Katinan Koné a déclaré que le District « n’a aucune compétence » pour agir dans les quartiers sans une délibération au moins du Conseil municipal, selon l’article 4 de la loi 2014-453 portant statut du District d’Abidjan.
Au plan politique, Dr Katinan Koné a affirmé que le déguerpissement a favorisé « l’exclusion du corps électoral » une bonne partie de la population. L’enrôlement sur la liste électorale lancée le 19 octobre 2024 vient de s’achever ce 17 novembre 2024.
Relativement à la situation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, il a relevé que les critiques de la communauté internationale ont été « énormes » lors de la 47e Session des Amis de l’Audit universelle du Haut-commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies, tenue en novembre 2024.
La France, dira-t-il, a demandé que le gouvernement ivoirien veille à garantir le droit à la liberté d’association, de réunion, d’action et d’expression de la société civile, tout en assurant la protection des défenseurs de droits de l’Homme.
En outre, l’Etat de Côte d’Ivoire doit veiller à un dialogue inclusif avec l’ensemble des acteurs politiques, ainsi que de la société civile, dans un climat apaisé, dans la perspective des prochaines élections présidentielles prévues en octobre 2025, a-t-il poursuivi.
« Au total, 22 recommandations ont été faites à l’État de Côte d’Ivoire pour qu’il puisse s’approcher du standard acceptable en matière des droits de l’Homme » a-t-il souligné. Les États-Unis, le Pays-Bas, le Canada, la Suisse, l’Espagne et l’Estonie ont également émis « des réserves » sur les droits de l’Homme en Côte d’Ivoire.
AP/Sf/APA