Sassandra, une ville balnéaire située dans le Sud-ouest ivoirien, bénéficie du projet Initiative pêche côtière (IPC), exécuté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Selon Aboubakar Koné, administrateur national du projet Initiative pêches côtières, composante Afrique de l’Ouest (IPC-AO) au Bureau de la FAO en Côte d’Ivoire, « le Partenariat public-privé (PPP) est une des activités du projet IPC ».
« On a constaté que dans le secteur de la pêche artisanale, il y a peu d’investissements privés. Donc, le projet s’est donné comme ambition d’attirer les investisseurs privés au niveau du secteur de la pêche », a-t-il fait savoir.
« Comme dans nos Etats, il y a ce dispositif de partenariat public-privé qui existe, donc on accompagne le partenaire institutionnel (le gouvernement) à pouvoir développer ses capacités (à travers le PPP) dans le secteur de la pêche », a-t-il dit.
Une évaluation a été faite à travers le projet IPC « pour savoir si dans le secteur de la pêche artisanale en Côte d’Ivoire il existe des Partenariats publics-privés, (mais) les résultats sont tel qu’il n’en existe pas pour l’instant », a-t-il indiqué.
Jusque-là, dans la plupart des projets financés dans le secteur de la pêche artisanale en Côte d’Ivoire, ce sont seulement des investissements publics. Or, les investissements, « seuls, ne peuvent pas développer un secteur, c’est pourquoi on encourage » le PPP, a expliqué M. Aboubakar Koné.
La FAO a initié dans cet élan des tables-rondes avec des partenaires privés, notamment les institutions de microfinance qui constituent une niche de financement pour les acteurs de la pêche artisanale. Et ce, en vue de faire des mises en relation entre les acteurs de la pêche et ces établissements financiers.
Une synergie devrait être faite entre le projet IPC et le projet économie bleue qui est en train de se mettre en place en Côte d’Ivoire, a-t-il renseigné. Le projet économie bleue devrait permettre de mettre en place un cadre unifié de concertation des bailleurs notamment dans le secteur de la pêche.
Pour l’instant, c’est la Banque africaine de (BAD) qui accompagne la Côte d’Ivoire au niveau de ce cadre de concertation, a rapporté M. Aboubakar Koné, administrateur national du projet IPC.
Exigences de financement
Le secteur de la pêche artisanale étant moins structuré, la FAO a mené une évaluation pour voir le niveau d’exigence des structures de microfinance et l’état de ces coopératives pour les accompagner afin de satisfaire les exigences en termes de documentation et de compte d’exploitation.
Cela devrait permettre de faciliter leur financement, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’ « on a fait les mises en relation et on continue dans la démarche, mais aujourd’hui on n’a pas encore de structures professionnelles de la pêche financées par une institution de microfinance ».
La FAO, dira-t-il, est « en discussion très rapprochée avec Sirius Finances, la Coopec et Acces Finance qui ont participé à cette table-ronde avec les acteurs de la pêche », où il y a eu des contacts qui ont été établis.
L’objectif final du projet IPC est qu’ « au moins deux produits de la pêche artisanale se retrouvent sur des marchés rémunérateurs », notamment les supermarchés, et « on a même prospecté des marchés institutionnels, dont la direction des cantines scolaires », a-t-il souligné.
Quatre coopératives du débarcadère de Locodjro, dans l’Ouest d’Abidjan, ont eu accès à un marché rémunérateur, le Salon de l’agriculture et des ressources animales (SARA 2023), a-t-il rappelé. Bientôt, les mareyeuses iront présenter des échantillons dans des groupes de grandes surfaces.
Résultats projet IPC
Le projet Initiative pêches côtières – Afrique de l’Ouest (IPC-AO), financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), est mis en œuvre par la FAO, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Le Comité national technique (CNT) a dressé, le jeudi 29 février 2024 à Sassandra, un bilan à quelques mois de la fin du projet en présence du préfet de région et du maire. Sur « 17 produits » que compte le projet, « 14 ont été atteints, soit 82,35% » et deux sont en cours d’atteinte.
Les bénéficiaires directs du projet à Sassandra, estimés à 439 personnes dont 262 femmes et 177 hommes, ont été formés sur la cogestion et l’approche écosystémique des pêches. Ils ont en outre participé à l’élaboration d’un plan local de cogestion simplifié de la pêcherie de sardinelles.
Environ 93 acteurs et actrices de la communauté de pêche de Sassandra ont pris part aux activités de recherches participatives menées par le Centre de recherche océanologique (CRO) d’Abidjan en vue de mener une pêche responsable en tenant compte de la taille des mailles.
Charles Nianzou Kacou, pêcheur à Sassandra, opérant dans le secteur depuis 26 ans, rapporte comme difficultés, la baisse des ressources halieutiques et l’acquisition d’engins de pêche. Selon lui, le projet IPC les a conduits à laisser les petits poissons et à ne plus pêcher avec des produits.
Au débarcadère de Sassandra, les pêcheurs demandent un quai afin de mieux accoster pour débarquer les prises en mer. La FAO construit, par ailleurs, au profit des mareyeuses trois fours « FTT », qui sont des fours améliorés.
Marie Compaoré, mareyeuse à la coopérative MATRAPHAS, confie qu’avec le projet IPC les transformatrices ne détruisent plus les mangroves pour fumer le poisson. Par ailleurs, les pêcheurs qui jugent difficile le repos biologique, comprennent que cela vise à reconstituer les espèces marines.
L’objectif du projet vise à renforcer la gouvernance, la gestion et les chaînes de valeur de la pêche en Côte d’Ivoire. De manière spécifique, il ambitionne d’appuyer la mise en œuvre d’une approche écosystémique de la pêche (AEP).
AP/APA