Avec quelque 200 âmes, les habitants du campement de Bapo, situé en bordure de lagune, dans la commune de Jacqueville, comptent prendre leur autonomie.
Lors des rites traditionnels, ce mercredi 17 mai 2024 après-midi, la grande place publique du village a battu le rappel de tous ses fils. Gervais Tekry, chef de terres, prend désormais les rênes d’Akrou, localité située à 6 Km de la cité balnéaire de Jacqueville (Sud), après la disparition du patriarche Ignace Yacé.
« Après le décès de Yacé Nangban Ignace, je recevais des voix qui me parlaient. J’ai décidé que la famille Tchiava, famille régnante, devait reprendre le pouvoir et dire celui que les aïeux ont choisi comme nouveau chef. C’est notre fils Tekry Akadje Gervais », a déclaré le patriarche Jacques Ahui Bogui.
Une forte acclamation populaire accompagne la sentence du patriarche Jacques Ahui Bogui, qui soulève les mains du nouveau chef d’Akrou. Aussitôt désigné, Gervais Tekry Akadje a été entouré par toute la jeunesse du village en guise d’approbation.
Effusion populaire, cris et chants de danses se font encore retentir comme pour marquer leur adhésion favorable à cette désignation. La chefferie, les jeunes et les femmes vont féliciter le nouveau chef du village.
Loïc Hermann Tekry, président des jeunes d’Akrou, a tenu tout de même à préciser qu’historiquement, le village est composé de deux familles très imbriquées et que le chef de terres ne peut être chef du village. De ce fait, un chef de terre devrait être désigné.
« Je demande pardon publiquement à tous ceux que j’ai offensés, volontairement ou involontairement », tels étaient les premiers mots du nouveau chef de village, Gervais Tekry Akadje, président du Conseil de gestion d’Akrou.
« Je demande à tous ceux qui m’ont soutenu dans la longue crise de pardonner aux autres. Nous avons tous souffert. Je demande à tous de pardonner. Je ne suis pas venu pour faire la chasse aux sorcières. Tous vos droits seront garantis. Je veux compter sur vous qui m’avez aidé depuis 42 ans », a-t-il lancé.
Dans les jours à venir, il compte faire des « consultations avec les jeunes, les femmes, les cadres et la communauté CEDEAO », annonçant qu’après cela il y aura une grande réunion de synthèse pour donner de nouvelles orientations.
« Je vais convoquer tous les opérateurs parce que c’est une crise de terre que nous avons connue ici. Akrou va très très vite rattraper son long retard de plus de 50 ans en moins de 50 ans », a fait savoir le nouveau chef du village.
Avec quelque 200 âmes, les habitants du campement de Bapo, situé en bordure de lagune, dans la commune de Jacqueville, comptent prendre leur autonomie, en installant un chef et faisant de cet espace un village.
A Bapo, des dizaines de jeunes du village d’Akrou, ont investi le samedi 24 février 2024, ce gros bourg où l’on pouvait voir sur le sol des bâches prêtes à être montées pour la reconnaissance par l’autorité préfectorale d’un chef en vue de son institution en un village.
Pour Loïc Tekry, avant que le campement de Bapo ne soit érigé en village, cela doit « être autorisé par le village hôte », en l’occurrence le village d’Akrou, qui pour protéger ses terres, envisage de désigner quelqu’un qui puisse garantir son patrimoine.
« Bapo a commencé à nous revendiquer 492 hectares et là nous interpellons les autorités dans l’érection des campements en villages ou en nommant les chefs » territoriaux, a-t-il dit, évoquant le cas de Adoukro, qui même érigé en village, un lotissement de 2.400 ha a été annulé à la suite d’un litige.
AP/APA