La récente décision du ministère sénégalais de la Communication, ordonnant l’arrêt des activités de plusieurs organes de presse jugés non conformes au Code de la presse, suscite une vive indignation au sein du paysage médiatique. De nombreuses organisations dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression.
Vives réactions de journalistes sénégalais à l’heure où 381 médias risquent désormais des sanctions. Par un arrêté signé le 22 avril 2025, le ministre de la Communication, Alioune Sall, a exigé que les médias ne répondant pas aux critères fixés par le Code de la presse cessent immédiatement toute activité de diffusion. Près de 400 entreprises médiatiques sont concernées par cette mesure, qui provoque une levée de boucliers dans le secteur.
Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a annoncé son intention de porter l’affaire devant la justice dès ce lundi. Son président, Mamadou Ibra Kane, déplore une décision unilatérale : « Cet arrêté ministériel n’a jamais été porté à notre connaissance. Il a été imposé sans la moindre concertation », a-t-il confié à Seneweb.
Sur les 639 médias ayant demandé leur régularisation via la plateforme Déclaration Médias du Sénégal (DMS), seuls 258 ont été jugés conformes. Les 381 restants risquent désormais des sanctions.
Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) s’oppose également à l’arrêté. Moustapha Cissé, nouveau secrétaire général du syndicat, a rappelé dans Le Quotidien que le directeur de la Communication avait lui-même reconnu des erreurs dans la liste des médias concernés. « Nous attendions des rectifications, pas une interdiction brutale. C’est incompréhensible », a-t-il dénoncé.
L’organisation ouest-africaine Article 19 a, de son côté, appelé les autorités à suspendre la mise en œuvre de cette mesure. Elle estime qu’elle va à l’encontre des engagements du Sénégal en matière de liberté d’expression, notamment ceux prévus à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Selon l’organisation, les restrictions à la liberté d’expression doivent rester exceptionnelles et se limiter à des motifs précis comme la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la réputation d’autrui. Elle s’inquiète aussi du moment choisi, la mesure intervenant à quelques jours de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai.
ODL/te/Sf/APA