Les crises dans les secteurs de la justice, de la politique, de l’école et de l’économie s’affichent en bonne place dans les journaux camerounais parus jeudi.
C’est une sorte de réquisitoire de la démocratie qui fait la grande manchette de Mutations avec l’ouverture, vendredi devant le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, du procès du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto et plusieurs cadres de sa formation, qui avaient entrepris de contester le «hold-up électoral» de la présidentielle d’octobre 2018.
Poursuivis pour «hostilité contre la patrie», «outrage au chef de l’État», «rébellion», «incitation à l’insurrection» et «terrorisme», les prévenus, manifestement convaincus de l’issue défavorable dudit procès, veulent désormais gagner la bataille de l’opinion. Et, même si leur présence à la barre est hypothétique, ces opposants sont théoriquement exposés sinon à la peine de mort, qui n’a plus été exécutée au Cameroun depuis plus de 3 décennies, du moins la prison à vie.
«Je m’attends à la peine de mort», déclare, dans les colonnes de Le Jour, l’industriel Jean-Baptiste Homsi, un des cadres du MRC incarcéré depuis le 28 janvier 2019, dans le cadre de la même affaire.
Reste qu’avant de juger les autres, la justice du pays se trouve elle-même sur le banc des accusés avec, rappelle The Guardian Post, la grève annoncée par l’Ordre national des du 16 au 20 septembre, pour dénoncer les maux dont souffre le corps judiciaire ainsi que les tracasseries et maltraitances dont sont l’objet ses membres.
Face aux risques d’enlisement, rapporte le quotidien à capitaux privés de langue anglaise, le ministre de la Justice et le chef de la police ont convoqué, la veille, les membres du barreau afin de s’accorder sur les multiples griefs soulevés par les femmes et hommes en robe noire.
Un groupe de travail a ainsi été annoncé à l’issue de ladite concertation de plus de 10 heures, renchérit son confrère à capitaux publics Cameroon Tribune. Selon le bâtonnier de l’Ordre, Charles Tchakounte Patie, cité par la publication, «la colère n’a pas été totalement dissipée, mais elle est quelque peu apaisée».
Mais davantage, cette publication focalise sur la reprise des classes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec l’audience accordée, la veille, par le Premier ministre Joseph Dion Ngute au représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la sous-région, François Lounceny Fall, lequel a appelé les populations de ces deux régions, en proie à une guerre séparatiste féroce, à laisser les enfants regagner l’école après deux années blanches.
Et The Post de constater que beaucoup se perdent dans cette histoire de reprise des cours sur fond de mot d’ordre de paralysie générale lancé par les sécessionnistes, de fusillades et de manipulation politique.
Pour L’Anecdote, il ne s’agit rien moins que d’une «duperie des sécessionnistes», qui tantôt se désolidarisent dudit mot d’ordre décrété par des séparatistes de la diaspora, qui eux-mêmes affirment avoir retrouvé le chemin de la raison, une autre fois tiennent un langage équivoque alors que leurs propres enfants, eux, poursuivent sereinement leur cursus scolaire en Occident et aux États-Unis.
«Bonne année scolaire 2019», titre L’Action, du nom de l’hebdomadaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), qui relaie les vœux du secrétaire général dudit parti à la communauté éducative, pour qui l’éducation des enfants est la promesse d’une citoyenneté compétente, dynamique et responsable pour la prise en charge des destinées du pays.
Et, alors que beaucoup ont les yeux rivés vers les zones sous conflit séparatiste, InfoMatin fait un constat tout aussi préoccupant : à Yaoundé, des centaines d’enfants sont encore dans la rue par manque de moyens financiers. C’est la même image que projette Le Jour, expliquant ce phénomène par les innombrables sollicitations auxquelles font face plusieurs parents généralement désargentés.
Sur le front de l’économie, L’Anecdote plante le décor autour du récent décret signé par le Premier ministre, défiscalisant les investissements afin d’attirer les opérateurs pour le développement des régions sinistrées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de l’Extrême-Nord où l’ombre de la secte islamiste Boko Haram continue de planer.
Une autre initiative de la même veine, qu’évoque Mutations, est la mise sur pied, par le ministère des Relations extérieures et l’Agence française de développement (AFD), d’un programme entrepreunarial en faveur de la réintégration des Camerounais vivant en Hexagone.
Quelques colonnes plus loin, la même publication salue, en matière d’aménagement routier, «la bonne pioche des travaux en régie» attribuées aux opérateurs privés. Un autre son de cloche vient pourtant de Cameroon Tribune, qui interpelle ainsi les mêmes prestataires : «Malgré les lourds investissements consentis par l’État en vue de doter le pays d’infrastructures de communication modernes, force est de constater que le secteur de la construction et de l’entretien des routes bitumées, ou en terre, montre quelques insuffisances.»
FCEB/cat/APA