De la politique à la crise anglophone en passant par l’économie, le football et la gouvernance, le menu des journaux camerounais parus mercredi se conjugue en mode diversité.
La crise de succession au sommet de l’État revient hanter la couverture de l’hebdomadaire Tribune d’Afrique, qui se penche sur les batailles d’appareil en cours avec, depuis le remaniement ministériel du 4 janvier dernier, une guerre féroce entre prétendants au trône et des clans qui se neutralisent, dans la perspective de l’après-Biya.
La bataille successorale fait également la principale manchette d’InfoMatin à travers deux figures du pouvoir : l’ex-ministre de la Défense Edgard Alain Mebe Ngo’o et l’actuel secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, avec dans le rôle du bourreau présumé le deuxième cité, qu’une certaine opinion accuse d’être à la manœuvre pour envoyer au trou son ennemi intime.
«L’étau se resserre autour de Mebe Ngo’o et Cie», souligne en écho Le Soir : frappé d’une interdiction de sortie du territoire camerounais depuis fin janvier dernier, l’ancien tout-puissant membre du gouvernement, aujourd’hui devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour pots-de-vin, surfacturations et autres passe-droits, voit sa mauvaise gestion de la fortune publique scrutée par la justice avec une descente aux enfers quasi-certaine.
Ceux qui se battent pour le trône ne devraient pas oublier que le Cameroun vit, depuis octobre 2016, une féroce guerre sécessionniste dans sa partie anglophone, semble rappeler Mutations sous le titre «Pourquoi le pouvoir doit donner sa chance à la Conférence générale anglophone».
Les négociations longtemps espérées en vue de la résolution de la crise sociopolitique dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont au point mort, constate la publication : «La persistance, voire la montée en puissance des « villes mortes » au fil des mois, la paralysie des entreprises installées dans cette partie du pays, les actions d’éclat des sécessionnistes à l’instar de l’incendie de Kumba en dépit des multiples appels à déposer les armes du chef de l’État, Paul Biya, sont autant d’indicateurs pertinents de ce que la crise anglophone ne s’enlise pas seulement, mais elle s’aggrave.»
Malheureusement, soupire Mutations, le blocage de la tenue de ce conclave, qui résulte d’un refus à peine voilé du gouvernement de l’organisation d’un tel conciliabule, est contreproductif face à des leaders chrétiens et musulmans qui entendaient jouer un rôle de médiateurs entre le pouvoir et les sécessionnistes.
Le pouvoir, renchérit The Guardian Post, semble avoir définitivement fait le choix d’un règlement du conflit par la force, le ministre de l’Administration territoriale (Intérieur) déclarant, dans les colonnes du quotidien de langue anglaise, que les combattants de la république fantoche d’Ambazonie seront «écrasés comme des maquisards».
Preuve que pendant la crise anglophone, la vie ne s’arrête pas dans le reste du pays, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune salue l’engouement des citoyens autour des opérations d’inscriptions sur les listes électorales : dans la perspective des scrutins législatifs et municipaux annoncés cette année, et possiblement des conseils régionaux, les partis politiques se déploient pour mobiliser leurs militants et sympathisants.
Mais l’un des menus les plus attrayants de l’édition du jour sera sans aucun doute cette sommation, servie par la Fédération internationale de football association (Fifa) à l’instance locale de la discipline (Fecafoot), lui enjoignant de prendre de manière urgente les mesures nécessaires afin que les salaires et primes dues aux joueurs de 24 clubs de D1 et D2 du pays, depuis plus d’un an pour certains, soient payés à brève échéance.
Cette injonction, précise Mutations, survient après la publication d’une sérieuse alerte de la Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPro) et du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc), dénonçant «la situation désastreuse» des footballeurs camerounais évoluant au pays, dont beaucoup traînent de nombreux mois d’arriérés de salaires, de primes de matches, de signature de contrat et d’entraînement.
Avec ce rappel à l’ordre, complète la publication, la fédération nationale a jusqu’au 4 mars 2019 pour produire un rapport résumant les mesures prises pour la résolution de cette affaire.
Un autre sujet national crucial s’affiche en couverture d’Émergence : la vie sans les couches jetables pour bébé avec la récente mesure gouvernementale d’interdiction de ces produits, soupçonnés de contenir des substances nocives pour la santé humaine.
Cette décision est encore plus préjudiciable aux ménages et à l’économie nationale, s’insurge La Revue du Patriote, qui soupçonne derrière cette affaire une manœuvre de l’Agence nationale des normes et de la qualité (Anor), plus soucieuse de couvrir sa gestion jugée calamiteuse que du sort des consommateurs.
FCEB/cat/APA