L’incendie qui a ravagé, dans la nuit de vendredi à samedi, les installations de la Société nationale de raffinage (Sonara), l’unique unité d’hydrocarbures du pays à Limbe (Sud), fait les choux gras des journaux camerounais de ce début de semaine.
«La Sonara en flammes», «Sonara : incendie mystérieux aux conséquences incalculables», «Catastrophe : une nuit d’horreur à la Sonara», «Limbe : la Sonara brûle, la toile joue les pyromanes», «Sonara en feu : une action des terroristes ?», «Qui a donc brûlé la Sonara ? Les sécessionnistes revendiquent, le gouvernement conteste», «Incendie à la Sonara : l’État rejette la piste criminelle», «Sonara : un incendie et mille questions», «La Sonara a suspend ses opérations après un incendie dévastateur», «Hydrocarbures : Sonara suspend ses activités après l’incendie», «Sinistre : Sona… rage», «Incendie à Sonara: le gouvernement rassure le public de solutions rapides», «Sonara : le gouvernement soutient la thèse de l’accident», «Incendie à la Sonara : les mesures d’urgence», titrent respectivement The Sun, L’Indépendant, L’Essentiel, Le Messager, InfoMatin, La Voix du Centre, Défis Actuels, Aurore Plus, The Guardian Post, Le Quotidien de l’Économie, Mutations, The Post, Repères et Cameroon Tribune.
Un incendie aux contours flous a détruit des installations névralgiques de raffinage, dont le remplacement pourrait prendre pas moins d’une année pour des centaines de milliards de francs de dépenses, rapporte InfoMatin.
C’est l’explosion accidentelle d’une cuve de stockage de pétrole qui a embrasé une partie des installations, mettant le feu aux poudres, explique L’Essentiel, alors que son confrère The Sun fait état d’une énorme explosion, ayant amené la direction générale à décréter l’état de force majeure.
Quatre des treize unités de production du process de raffinage ont été consumées : à ce jour, aucune production n’est plus possible, confirme, dans les colonnes du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba.
«Le feu, parti du pied de la colonne, a totalement explosé les équipements des unités de distillation atmosphérique, détaille Aurore Plus. Il s’agit du cœur de la raffinerie, abritant les installations permettant de faire monter le brut à des températures maximales, afin de le séparer en divers produits pétroliers (butane, essence super, jet, pétrole lampant, gasoil, distillat, fuel oil, etc.).»
Les séquelles des secousses, suite à la forte déflagration, sont visibles sur le site, témoigne Mutations, évoquant un choc sans précédent ayant affecté la zone de fractionnement des essences.
Ce fut une nuit noire à la Sonara, soupire Le Messager, s’en prenant aux activistes sécessionnistes anglophones, dont Limbe constitue l’une des zones de prédilection, et qui ont aussitôt inondé les réseaux sociaux pour revendiquer le forfait.
«Tout de suite, et alors que les sapeurs-pompiers sont encore à l’œuvre pour éteindre les flammes, l’un des leaders séparatistes, Mark Bareta, à travers son compte Facebook, lâche et revendique déjà ce qu’il considère comme une attaque de ces groupes armés dont il fait partie des cerveaux», étaye Défis Actuels.
C’est un secret de Polichinelle, note L’Indépendant, que l’enjeu pour le contrôle d’importantes ressources que regorge la région du Sud-Ouest revient, constamment, au rang des revendications sécessionnistes, qui ont tôt fait de revendiquer cet incendie comme un trophée de guerre.
Et La Voix du Centre de s’interroger lourdement sur la vraie origine du sinistre, au moment où les séparatistes semblent manier la surenchère avant le dialogue inclusif, promis par le gouvernement pour sortir de la crise anglophone.
Reste que les dégâts, estimés à 10 milliards FCFA par The Guardian Post, devraient être réparés au moment même où, constate Aurore Plus, le budget de l’État est soumis à dure, épreuve du fait de la guerre contre la secte islamiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, et de la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et dont Limbe, justement, est devenu l’un des points focaux de l’activisme anglophone.
Le jour d’après, appuie Mutations, les craintes des populations résident désormais sur la paralysie sur le long terme de la Sonara, l’État étant obligé de recourir à des importations massives de carburant pour satisfaire la demande locale, toute chose qui entraînerait, par ricochet, une hausse généralisée des denrées de première nécessité.
«L’arrêt, pour une longue période, de l’usine de raffinage de Limbe, fait d’ores et déjà craindre des pénuries incontrôlables, mais aussi l’envahissement du marché par des produits frelatés, renchérit InfoMatin. En l’état actuel de la situation, les pouvoirs publics auraient beaucoup de mal à garantir une satisfaction continue et sereine de la demande.»
Aucun prix de produits pétroliers ne va augmenter, répond le gouvernement dans les colonnes de Cameroon Tribune, et aucune spéculation ne saurait prospérer, 80% des produits des hydrocarbures destinés à la consommation du pays étant déjà importés.
FCEB/cat/APA