Les journaux camerounais parus vendredi semblent ne s’accorder sur aucun sujet, qu’il s’agisse de la politique, du judiciaire, du social ou encore de la crise anglophone.
Voici encore et toujours la crise sécessionniste anglophone, cette fois non pas sous le signe des combats entre séparatistes et forces de défense et de sécurité mais sur le plan des bons offices qu’offre la Suisse, au lendemain d’une audience accordée par le président Paul Biya à l’ambassadeur helvétique, Pietro Lazzeri qui, à en croire le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, a soumis à l’appréciation de son interlocuteur une offre de son gouvernement visant à accompagner le pays dans la recherche de solutions à la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Les choses vont également mieux sur le terrain de l’humanitaire, affirme le ministre en charge de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui fait le point dans les colonnes de Génération Libre et Le Soir : au total, affirme-t-il, ce sont aujourd’hui plus de 75.000 familles, dans lesdites zones mais aussi dans le Centre et le Littoral, qui sont prises en charge, dans le cadre du plan d’urgence humanitaire, avec des stocks permettant de nourrir 100.000 autres familles.
Le problème, déplore le même Atanga Nji chez The Guardian Post, ce sont les organisations non gouvernementales qui s’agitent sur le terrain et qu’il accuse de gonfler les chiffres des nécessiteux avec le sombre dessin d’obtenir de gros financements étrangers.
Avec pour titre «Extrême-Nord : l’eau c’est la mort», Mutations semble loin de se satisfaire de l’action publique pour les services de base : dans la région la plus au nord du pays, relate le quotidien à capitaux privés, quatre enfants d’une même famille, en quête de cette denrée, sont décédés suite à un éboulement survenu alors qu’ils étaient dans un puits traditionnel.
Si l’eau c’est la vie, ainsi que l’affirme un célèbre slogan, le calvaire des populations du pays dans ce domaine et pas seulement dans l’Extrême-Nord, s’insurge la publication, démontre à suffire le peu de cas qu’en font des pouvoirs publics abonnés aux grandes annonces.
Et ça ne va guère mieux dans les hôpitaux publics, renchérit Le Jour dans un reportage poignant quant à l’accueil des patients dans ces officines, un véritable calvaire, subi par des personnes en quête de soins et qui, au quotidien subissent les insultes et humiliations d’un personnel habitué au bakchich, et très peu soucieux de rendre service.
Ministre de la Santé publique depuis le 4 janvier dernier, Manaouda Malachie en prend également pour son grade chez Essingan, lui qui s’est empressé de sévir contre trois infirmières ayant, en salle des urgences à Douala, la métropole économique, filmé un jeune homme poignardé à mort plutôt que de le secourir.
Elles ont été suspendues pour trois mois chacune, d’accord, mais son mutisme et vivement dénoncé par le bihebdomadaire à la suite de la mort suspecte de trois nouveau-nés à Garoua (Nord), dont les auteurs présumés restent, eux, couverts par une curieuse immunité.
Le pouvoir de Yaoundé fait aussi l’objet de vives critiques dans Le Jour, cette fois à propos de l’opposant Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun-MRC) : son unique député à l’Assemblée nationale, Lazare Soub, demande la libération.
Arrêté avec environ 150 manifestants à la suite d’une marche pacifique, le 26 janvier dernier pour protester contre le «hold-up électoral» de la présidentielle, le leader politique et ses partisans, estime son élu, n’ont strictement rien à faire derrière les barreaux, eux qui n’ont fait qu’exprimer leur ras-le-bol face à un régime autocratique, en place depuis novembre 1982.
Refusant, selon un de ses conseils, d’être jugé en catimini, dans le cadre d’une audience dite d’habeas corpus, Maurice Kamto est sévèrement taclé, dans les colonnes d’InfoMatin, par l’avocat Martin Luther King Achet Nagnigni : «La loi est ainsi faite. Il faut la respecter. Et son application ne doit pas varier en fonction des requérants ou des dossiers. Les procédures d’Habeas corpus sont jugées par les présidents des juridictions, et s’agissant de cette matière, les juges ont toujours statué en leur cabinet, en chambre de conseil, et non en salle d’audience publique.»
FCEB/cat/APA