La montée de l’insécurité, dans plusieurs grandes agglomérations du pays, émeut au plus haut point les journaux camerounais parus jeudi, au même titre que les futures élections législatives et municipales sur fond de présentation du projet de budget 2020 de l’État.
Comme s’ils s’étaient donné le mot, Émergence, Le Jour et Mutations sont en état d’alerte devant la multiplication des actes violents dans les principales villes du pays. Si Le Jour attribue ces agressions, parfois suivies de mort d’homme, à des bandits de grand chemin, il les lie davantage à l’approche des fêtes de fin d’année.
Dans la métropole économique, Douala, sacrée «capitale du crime» par Mutations et «ville cruelle» par Émergence, les raids à l’arme à feu se sont multipliés depuis peu, les braquages à main armée s’ajoutant aux crimes en bandes organisées. Selon le sociologue Louis Roger Kemayou, interrogé par la première publication citée, ce phénomène peut s’expliquer à la fois par la guerre sécessionniste qui règne dans les régions anglophones voisines du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où des armes circulent en abondance, l’inefficacité des contrôles routiers, mais aussi le malaise social que vivent des milliers de jeunes désœuvrés.
Autre forme de psychose, qui s’étend également à travers le pays et que signale The Guardian Post : les alertes à la sorcellerie qui, dans le département du Moungo, non loin de Douala, viennent d’obliger les parents à retirer leurs enfants d’une l’école. Mais s’il y a une forme d’agression dont on ne parle pas souvent, et à laquelle Cameroon Tribune consacre une réflexion, ce sont les violences conjugales. Des actes quasi-tabous et dont le silence qui les entoure freine le travail de la justice, soupire le quotidien à capitaux publics,.
Toujours est-il que la même publication consacre sa principale manchette à la fièvre qui monte dans les états-majors des partis politiques, à la veille de la publication des listes de candidature pour le double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020. Sauf que, les principales formations de l’opposition ont demandé le report de ces consultations que, s’empresse de préciser Baromètre Communautaire, le gouvernement vient de rejeter en refusant de se soumettre à toute forme de chantage ou de surenchère.
Réagissant à cette inflexion du régime, l’avocat Claude Assira, interrogé par Défis Actuels, estime que cette fermeté affichée ne contribue pas à l’apaisement du climat sociopolitique : «Notre personnel gouvernant est l’un des rares, dans le monde, qui considère ses initiatives comme des vérités absolues. De fait, je n’ai jamais vu le gouvernement camerounais prendre en compte des opinions émanant de ses adversaires politiques ou de son peuple. Il recule peu sur la demande des autres acteurs politiques. Le centralisme excessif du pouvoir et son hyper concentration autour du président de la République font que lui seul peut décider de ce qui est bon ou pas, sans d’ailleurs risquer de s’aliéner l’adhésion de ceux qu’il aura contredit.»
C’est dans ce contexte de grande tension que ce bihebdomadaire signale l’entrée en vigueur, dès le 1er janvier prochain, de nouvelles taxations sur les cosmétiques éclaircissants, les cigarettes, les machines de jeux vidéos ou encore les motocycles. Cette mesure, apprend-on, vise d’une part à protéger la santé publique en limitant la consommation de produits nocifs, et d’autre part à accroître les recettes de l’État.
2020 sera l’année du patriotisme économique, annonce Baromètre Communautaire, l’accent des pouvoirs publics étant mis sur les nouveaux objectifs industriels du pays à travers le «made in Cameroon». Avec une enveloppe équilibrée en recettes et en dépenses à 4951,7 milliards FCfa, en baisse de 260,3 milliards FCfa par rapport à l’exercice 2019, le nouveau budget est jugé «réaliste» par Cameroon Business Today, justifiant le dégraissage de 5% par la récession internationale ainsi que la situation sécuritaire du pays.
Dans les domaines de l’eau et de l’énergie, complète Mutations, l’une des réalisations attendues et frappées du sceau de l’urgence est la réhabilitation de la Société nationale de raffinage (Sonara), hors service depuis le grave incendie ayant décimé son plateau technique en fin mai, de nouveaux aménagements hydroélectriques mais aussi la densification des travaux de construction d’adductions d’eau potable.
FCEB/cat/APA