Les journaux camerounais parus vendredi recèlent de curiosités sur les plans à la fois social, politique et économique.
Comment se fait-il que le formulaire du certificat médical, pièce essentielle dans l’établissement de dossiers administratifs et judiciaires et qui, surtout, procure de substantielles recettes fiscales à l’État, vienne à manquer dans les formations hospitalières publiques ? C’est pourtant le triste constat que dresse Le Quotidien de l’Économie, qui a notamment fait le tour des officines de la capitale, Yaoundé.
Depuis décembre 2018 en effet, explique la publication spécialisée, du fait de cette inexplicable pénurie, non seulement c’est la croix et la bannière pour les postulants, mais en plus les pouvoirs publics, eux-mêmes, n’arrivent plus à recouvrer les fonds de solidarité liés à l’achat de ce document.
Mais la réalité dans les hôpitaux ne semble pas triste pour tout le monde, si l’on s’en tien à la principale manchette de l’hebdomadaire Notre Santé qui annonce des primes pour les médecins qui encouragent la césarienne : entre 40.000 et 50.000 FCFA pour chaque praticien ayant réussi à convaincre une femme enceinte de se faire opérer pour accoucher, pour des factures oscillant entre 200.000 et 400.000 FCFA.
Le problème, explique la publication, c’est que le ministère de la Santé publique joue les spectateurs de ces pratiques non éthiques et que le personnel soignant impose littéralement aux usagers, qui vont aussi à l’encontre des objectifs du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), promotrice de soins obstétricaux à coûts réduits et qui entendait accompagner le Cameroun dans l’assistance aux parturientes démunies.
Ce malaise, renchérit Mutations, semble se perpétuer au moment même où l’hôpital public fait également sa crise d’hépatite B marquée par la rupture des stocks de médicaments depuis des mois, du fait de factures impayées aux fournisseurs par la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename), où l’on confesse avoir observé des tensions de stocks du Tenofovir 30mg en comprimés, un produit dont une commande urgente de 2440 boîtes a été passée mais qui ne respecte pas tous les protocoles de passation des marchés alors qu’une autre commande, de 30.000 boîtes passée depuis plusieurs mois, n’est pas été livrée à temps du fait des impayés.
La preuve que tout n’est pas négatif, dans les formations hospitalières, est apportée par le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune (CT), qui annonce fièrement le début de la campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), permettant de se mettre à l’abri du paludisme qui, précise le journal, était pour 25,8% des cas de maladie reçues dans les hôpitaux pour 3263 décès enregistrés en 2018 à travers le pays.
Sa grande ouverture, CT, sous le titre «Dialogue dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest : regardons dans la même direction», la consacre pourtant à la crise sécessionniste anglophone, à travers l’offre de retour à la paix durable portée par le Premier ministre Joseph Dion Ngute au nom du président Paul Biya.
Et de se désoler que cette main tendue, malgré un accueil globalement favorable de l’opinion, rencontre d’autres velléités, notamment de la société civile, créant plutôt «une espèce de cacophonie contreproductive».
À mon sens, le problème central, qui a été instrumentalisé par ceux qui avaient d’autres agendas, portait sur les modalités de coexistence pacifique entre les deux macro communautés anglophone et francophone. L’origine étrangère de ces deux cultures explique la rapide internationalisation du conflit. Mais à côté de cette querelle identitaire, se trouvent des enjeux de gouvernance politique, économique et géopolitique», explique, dans les colonnes dudit journal, le géostratège Joseph Vincent Ntouda Ebodé.
Le Jour, qui se demande à quoi joue Paul Biya dans son offre de dialogue inclusif, constate pour sa part un sérieux doute dans la volonté du pouvoir de Yaoundé, qui depuis un mois agite un concept visiblement creux alors que la liste des victimes s’allonge sur le théâtre du conflit : «A quand le dialogue ? La mise en œuvre de ses résolutions ? Le retour à la vie normale dans les régions anglophones ? On s’impatiente…»
Le dialogue, dans le format souhaité, n’est pas acquis, soutient quelques colonnes plus loin l’analyste politique et sécuritaire Joseph Léa Angoula, pointant l’attentisme du pouvoir et avançant des conditions : si la pression internationale ne retombe pas contre le gouvernement, si l’opinion nationale sort de son apathie, si les formations politiques et de l’opposition et la société civile se concertent, de façon à créer un rapport de forces favorable au camp des partisans du vrai dialogue.
Ce pouvoir, que beaucoup accablent de tous les maux, n’est pas totalement indifférent de la souffrance des populations des zones en crise, temporise The Guardian Post qui, images à l’appui, se fait l’écho des aides humanitaires multiformes acheminées sur place dans 55 camions.
Le régime de Yaoundé, à travers ce convoi, entend, selon InfoMatin, démontrer aux populations et aux partenaires extérieurs du Cameroun l’effectivité du travail entamé par les pouvoirs publics, soutenus par les forces armées qui s’avèrent d’un appui incontournable, les militaires étant fortement impliqués dans la distribution de cette aide humanitaire aux allures d’aide au développement, puisque les autorités en même temps distribuent des engrais, des tôles et des matériels de santé afin que les populations bénéficiaires, évaluées à 75.000, puissent s’autogérer.
FCEB/te/APA