Les rangs étaient clairsemés dimanche en fin de matinée devant les bureaux de vote de la capitale camerounaise, Yaoundé, quelque 4 heures après le début des opérations pour les législatives et municipales, a constaté APA sur place.
Ici et là, des personnes en âge de voter, assistées par le personnel d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de la gestion des scrutins et opérations référendaires, se faisaient guider pour retrouver leur bureau de domiciliation où des éléments de la police avaient été positionnés tôt dans la matinée.
Si aucun incident majeur n’était à déplorer dans cette cité d’environ 2 millions d’âmes, les nouvelles les plus alarmantes sont venues des régions anglophones sous conflit séparatiste. La veille en effet, des sources locales jointes au téléphone ont affirmé que des convois de véhicules militaires à destination du Sud-Ouest sont tombés dans des embuscades de bandes armées sécessionnistes, faisant plusieurs blessés.
Dans le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda, du matériel électoral a également été saccagé quelques heures plus tard par de présumés activistes sécessionnistes. Dans la localité de Bafut, située à un jet de pierre, ils ont également incendié tout le matériel de vote entreposé dans un magasin.
Pendant toute la matinée, la télévision à capitaux publics (CRTV) s’est employée à donner la parole aux autorités sortant des bureaux de vote par ailleurs sous haute surveillance de l’armée, appelant les populations à vaincre la peur pour choisir leurs futurs députés et conseillers municipaux. On rappelle que les milices «ambazoniennes» avaient décrété «pays mort», le 9 février 2020 dans ces zones qu’elles considèrent comme un «pays indépendant» de la partie anglophone.
Dans l’Extrême-Nord du pays également, en proie au jihadisme, 4 personnes ont trouvé la mort dans la nuit de samedi à dimanche au cours de deux assauts simultanés attribuées à la secte islamiste Boko Haram.
Selon les chiffres d’Elecam, plus de 6,8 millions d’électeurs sont attendus dimanche dans les 26.336 bureaux de vote que compte le Cameroun, en vue de choisir leurs députés et conseillers municipaux pour les 5 prochaines années. En régions anglophones, le gouvernement a mis en place des «centres de vote» regroupant plusieurs bureaux d’une localité dans un seul site sécurisé, afin de limiter d’éventuelles intrusions de combattants séparatistes.
Si 35 formations y prennent part, quelques autres partis de premier plan, membres de l’opposition, ont quant à eux appelé au boycott estimant non seulement que les conditions n’étaient pas réunies pour des opérations libres et transparentes, mais qu’en plus maintenir la tenue de ce double scrutin, alors que deux régions se trouvent dans une situation d’insécurité non maîtrisée, consistait à consacrer la partition du Cameroun.
FCEB/te/APA