La veillée d’armes pour les élections législatives, municipales et régionales, prévues au cours de la nouvelle année, fait les choux gras des journaux camerounais parus mardi.
L’année électorale semble mal s’annoncer dans le pays, si l’on s’en tient à la principale manchette de l’hebdomadaire satirique Le Popoli qui représente une caricature du président Paul Biya, l’air sévère, passant des recommandations à son nouveau Premier ministre, Joseph Dion Ngute : «Mission n°1 : gagner la bataille politique ; Mission n°2 : gagner la bataille politique ; Mission n°3 : gagner la bataille politique. S’il reste un peu d’énergie, gagner la bataille économique.»
Tout à la politique, ironise EcoMatin, même si le chef de l’État, du bout des lèves et concernant sa vision économique, croit toujours à l’émergence en 2035 avec son septennat dit des «Grandes opportunités».
Dans un horizon plus proche, Émergence se fait l’écho du «plan de verrouillage» gouvernemental, sous la houlette du ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, concernant les prochaines consultations électorales : le régime de Yaoundé, face à une opposition toujours aussi déterminée à conquérir de nouveaux espaces, qui lui conteste la légitimité à régenter l’espace politique, est prêt à tous les actes d’antijeu pour garder la main.
Et parmi les manœuvres actuellement mises en branle par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), figure, selon Expression Économique, le débauchage des militants chez les adversaires, un sport qu’exerce désormais aussi le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), n’hésitant pas à susciter des démissions de masse chez son principal concurrent.
Quid du Front social démocratique ? semble se demander le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune sous le titre «SDF : comment peut-il rebondir ?». Après les résultats décevants aux sénatoriales et présidentielle de l’année dernière, le premier parti de l’opposition parlementaire définit les nouvelles stratégies pour rebondir dans l’estime des Camerounais.
Au lendemain de la première réunion ordinaire de son Comité exécutif national pour 2019, prolonge Le Jour, la nouvelle vision de cette formation entend exorciser ces résultats décevants lors des prochaines élections, le SDF, dont le candidat Joshua Osih était arrivé en 4ème position lors de la récente présidentielle avec un score de 3,35%, étant déterminé à retrouver sa place sur la scène.
Sauf que, relativise la publication, le SDF a entre-temps perdu son socle électoral anglophone, du fait de la crise sécessionniste, de même qu’il a perdu son électorat des régions de l’Ouest et du Littoral au profit du MRC.
Mais ce n’est pas sa faute si ce parti est en perte de vitesse dans son fief naturel des régions anglophones, en crise sécessionniste, constate The Info qui affiche en grande manchette la main tendue de son leader historique, Ni John Fru Ndi avec cette citation : «Je ne vais pas passer mon temps à écrire à Biya pour lui suggérer des solutions de sortie de crise».
Et d’expliquer avoir tout tenté, depuis le début des menaces sécessionnistes dans cette partie du pays, de sensibiliser l’exécutif du pays quant aux risques de radicalisation, voire pourrissement de la situation sur le terrain.
C’est vrai, consent The Guardian Post, que le pouvoir de Yaoundé n’est pas spécialement connu pour être un adepte du dialogue inclusif et qu’il n’entend pas, à l’image de l’interdiction récente des marches de protestation programmées par le SDF pour exiger la constitution d’une commission d’enquête sur le retrait au Cameroun de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019 de football, composer avec ceux qui critiquent sa gouvernance.
FCEB/cat/APA