Une déclaration du président français Emmanuel Macron suite à une interpellation véhémente, samedi dernier par un activiste au Salon de l’agriculture de Paris, fait hurler les journaux camerounais parus lundi.
D’Essingan à InfoMatin en passant par Le Soir, L’Essentiel ou encore Repères, tous proches du pouvoir de Yaoundé, ce dirigeant a droit à véritable tir de barrage pour avoir révélé avoir, par téléphone, «fait pression» sur son homologue Paul Biya afin qu’il libère ses opposants et fasse avancer le dialogue pour une sortie pacifique de la crise sécessionniste anglophone.
«Macron met les Camerounais en colère», «Offenses au chef de l’État : Paul Biya invité à rappeler son ambassadeur en France», «Diplomatie : Macron l’immature», «Maladresse diplomatique : le libérateur téléphonique. Macron, crédule et inamical», «Président Macron, un peu de tenue et de retenue ! Le Cameroun n’est pas une mairie française», «Les Camerounais disent non à l’insulte de Macron», affichent ainsi respectivement La Météo, InfoMatin, Repères, L’Essentiel, Réalités Plus et Le Soir.
Il a exigé l’ouverture du jeu démocratique, imposé la décentralisation, libéré des opposants politiques, instauré l’État de droit, ne pouvait recevoir Paul Biya à Lyon que si son principal adversaire Maurice Kamto était libéré, instrumentalise des organisations régionales et la société civile, a renversé Kabila et installé Tsisekedi en République démocratique du Congo, attend la liste additive des prisonniers à libérer, mais regrette quand même de ne pouvoir faire la démocratie au Cameroun à la place des Camerounais, aligne, perfide, L’essentiel.
Et, alors qu’Essingan condamne les «dérapages d’un suprémaciste blanc», Repères estime que le président français a trahi les honneurs de sa fonction en violant les codes non écrits qui encadrent la parole d’un chef d’État. «Il s’est alors mis à livrer des secrets d’État sur l’alternance en République démocratique du Congo ou sur ses collusions avec des chefs d’État africains et l’Union africaine dans la gestion de certains dossiers du continent.»
Quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune publie l’intégralité de la réaction du gouvernement sur le sujet, lequel rejette catégoriquement les contrevérités proférées par un ‘’activiste’’ ayant interpellé le président de la République française, rappelant par ailleurs que le peuple camerounais entend demeurer maître de son propre destin.
«Crise anglophone, affaire Kamto, décentralisation… Paris éternue, Yaoundé s’enrhume», moque Intégration, notant que la polémique enfle dans le pays et divise l’opinion. C’est que Macron a humilié Biya, souligne The Post, un président camerounais que La Voix du Centre présente pour sa part comme «un ‘’Lion’’ en papier mâché».
Finalement, qui gouverne au Cameroun ? soupire Le Messager. «Enjambant la courtoisie diplomatique, dans une cynique décontraction, le locataire de l’Élysée se pose en ‘’donneur d’ordres’’ au président de la République du Cameroun sur des dossiers d’État, suite à l’interpellation d’un ‘’résistant’’ dont la seule évocation des (mé)faits d’armes irrite Yaoundé », répond en écho Mutations sous le titre «L’étrange Macron».
FCEB/cgd/APA