La psychose du coronavirus continue de gagner les journaux camerounais parus lundi, qui n’oublient cependant pas que le pays a perdu, en fin de semaine dernière, un de ses milliardaires en la personne de Victor Fotso.
Le moins que puisse en penser, d’entrée de jeu, le bihebdomadaire Repères et que les mesures édictées par le gouvernement, en guise de riposte à la pandémie de coronavirus, ne sont pas respectées à la lettre. Loin de là. Depuis mercredi 18 mars, jour de leur entrée en vigueur, la publication note déjà de multiples violations qui commencent au sommet de l’État.
«J’ai le coronavirus !» est le titre provocateur d’Intégration, qui sous ce prétexte a entrepris de faire le tour dans les «corona hôtels», ces endroits où ont été confinés des voyageurs revenant de pays très touchés par la pandémie.
Constatant également un retard à l’allumage, aggravé par l’incivisme de certaines personnes de retour des pays à risque, Mutations dénonce l’insouciance de certains Camerounais et les capacités finalement trop justes du système de santé du pays. «Tout cela réuni fait que le futur du Cameroun et des Camerounais, dans cette douloureuse Épreuve, s’écrit en lettres d’incertitude. Une chose est acquise : l’arithmétique macabre, à laquelle est confiné le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, va se poursuivre inexorablement, la psychose va prendre irrésistiblement du galon et la bulle sociale peut irrémédiablement exploser en cas de mort.»
«Stoppons le virus !» s’écrie L’Essentiel : s’il n’est pas question de céder à la peur, qui fait déjà par elle-même bien de victimes, le vrai problème se trouve dans l’indiscipline rampante et systémique, où l’on ne sait plus ce qui est de la liberté privée de ce qui relève des obligations de la survie collective. Le Cameroun doit se préparer à des moments très durs, prévient L’Indépendant. Et déjà sur les marchés, prolonge L’Anecdote, la peur s’est installée au niveau des prix des produits de première nécessité, qui flambent.
«Coronavirus : ne jouons pas avec le feu !» s’exclame le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, constatant qu’une partie des mesures prescrites par le gouvernement se heurtent, malheureusement, à l’insouciance de bon nombre de Camerounais, alors que le nombre de personnes infectées est passé du simple au quadruple depuis le week-end.
Au premier rang de ceux qui jouent avec le feu, répond en écho Essingan, ce sont les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Cavaye Yeguie Djibril et Marcel Niat Njifenji qui, sourds aux alertes et prescriptions gouvernementales portant notamment interdiction de regroupements de populations, convoquent et font tenir des sessions ordinaires de leurs Chambres respectives. En violant ainsi les mesures gouvernementales de lutte contre le coronavirus, insiste Repères, ils donnent un très mauvais signal à la population, invitée à observer plus que par le passé certaines règles d’hygiène.
Cavaye aurait-il infecté l’hémicycle ? soupire La Voix du Centre, rappelant que le concerné, fraîchement revenu d’une évacuation sanitaire en France, ne s’est point prêté à l’obligation de test au retour ni à la quarantaine systématique édictée par les autorités. «Ce qui choque davantage l’opinion publique et le sérail, en particulier, c’est le je-m’en-foutisme dont fait montre cette personnalité en lien avec le Covid-19», s’insurge InfoMatin.
Comment expliquer que la troisième personnalité protocolaire du pays ait, allègrement, violé les règles de quarantaine en vigueur alors qu’il revenait d’un long séjour dans un pays déjà largement touché par le virus du Covid 19 ? s’emporte Le Jour.
Pendant ce temps, où est donc le boss, le patron, celui qui dirige, l’homme qui préside ? s’interroge lourdement Le Jour : où est passé le commandant en chef alors même que le pays est engagé dans une guerre inédite contre un agent invisible qui ébranle toute une planète dans ses certitudes ? Où est le Président de la République, dont on nous rabâche quotidiennement les oreilles sur la capacité herculéenne à surmonter les obstacles ?
Toujours est-il que, s’émeut L’Essentiel, quelques jours après l’instauration de 13 mesures contraignantes, le tissu économique du pays commence à accuser le coup. Focalisant davantage sur les secteurs de l’industrie et du tourisme, Le Quotidien de l’Économie constate qu’en l’espace d’une semaine, le pays a annulé plusieurs rendez-vous sur son sol, des mesures qui ne seront pas sans conséquences néfastes.
Il y a alerte rouge sur les entreprises camerounaises, acquiesce EcoMatin : le secteur privé est déjà fortement frappé par l’impact des mesures restrictives contre le coronavirus. Face à un contexte national fragile au plan des affaires, Le Messager appelle les autorités à créer un fonds de soutien aux populations.
De cette dernière publication à InfoMatin en passant par Essingan, Le Jour, La Voix du Centre, Le Soir, L’Essentiel, Émergence, The Guardian Post, The Post ou encore The Sun, c’est un hommage unanime que les journaux camerounais rendent au milliardaire Victor Fotso, décédé en fin de semaine des suites de maladie.
Altruiste, ainsi que le décrit InfoMatin, cet autodidacte était également un des derniers intimes du président Paul Biya.Quand on imaginait sa proximité avec le chef de l’État, qu’on dit être son ami intime, personne n’avait le courage de le contredire, rappelle Mutations, saluant l’immense patrimoine économico-industriel que laisse ce bâtisseur.
«En fin de compte, M. Fotso Victor était monumental. Sans être un intellectuel, il était clairement fait d’un bois hors norme et, ayant traversé un siècle peuplé de quelques spécimen de figures exceptionnelles comme la sienne, il est tombé dans une époque où tous ses repères s’estompent : on brade tout, on méprise tout, on conteste tout, on bouscule tout, on détruit tout, y compris les empires ! Que va devenir le sien ?» s’interroge, dans les colonnes de L’essentiel, le directeur général de la radiotélévision à capitaux publics (CRTV), Charles Ndongo.
FCEB/cgd/APA