En prélude à des états généraux des transports publics, le gouvernement a exigé une « évaluation complète » d’ici le 30 septembre des 22 mesures adoptées sous l’ancien régime pour lutter contre les accidents de la route.
Les nouvelles autorités sénégalaises sont déterminées à mettre fin au carnage des accidents routiers. Après une semaine macabre sur les routes du pays, le ministre des Infrastructures, des Transports aériens et terrestres, Malick Ndiaye, a présidé ce lundi 19 août au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar, la cérémonie d’ouverture du séminaire préparatoire des états généraux des transports publics.
La rencontre, qui fait suite au séminaire organisé en juillet 2024 avec les services étatiques, réunit les acteurs socioprofessionnels du secteur ainsi que d’autres parties prenantes. Elle vise à recueillir leur compréhension des enjeux et leurs propositions de solutions face aux nombreuses difficultés que traverse le secteur du transport au Sénégal.
D’entrée de jeu, Malick Ndiaye n’a pas manqué de rappeler les nombreux défis auxquels est confronté le secteur des transports dans son pays, évoquant notamment des problèmes d’organisation, de gouvernance, un déficit de financement, une faible densité du réseau routier ainsi que des questions liées à l’insécurité routière, au manque de personnel qualifié et à l’absence de digitalisation.
Ces manquements, selon le ministre, ont un impact financier significatif sur l’économie du pays. « Une étude récente de 2022 a estimé que l’économie sénégalaise perd annuellement 900 milliards de francs CFA, soit environ 6% du PIB, en raison des dysfonctionnements induits par les externalités négatives des transports routiers », a-t-il rappelé, qualifiant le fléau des accidents de la route de « carnage ».
« Personne n’est épargné », a-t-il insisté avant de lancer un appel solennel à tous les acteurs impliqués dans le transport routier, y compris l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute), les forces de défense et de sécurité, les services responsables de la délivrance des permis de conduire et des cartes grises, ainsi que les automobilistes, pour unir leurs efforts afin de mettre fin aux drames sur les routes du pays.
« Chacun, à son niveau, doit faire des efforts maximaux pour que nous mettions fin à ce carnage—un mot qui reste encore faible—qui coûte la vie à tant de nos concitoyens, je dirais même à nos familles, sur les routes », a-t-il ajouté.
Début août, le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé un conseil interministériel sur la sécurité routière, en réaction à la série d’accidents dramatiques survenus ces dernières semaines au Sénégal. Lors de cette réunion, il a affirmé que dorénavant, des responsabilités claires seront établies après chaque accident, et les sanctions appropriées seront appliquées. Ce week-end déjà, deux chauffeurs mis en cause dans la mort accidentelle d’une dizaine de passagers dans une localité de l’est du pays ont été arrêtés.
Le chef du gouvernement a également exigé une « évaluation complète » d’ici le 30 septembre des 22 mesures adoptées sous l’ancien régime de Macky Sall pour lutter contre les accidents de la route.
En outre, Ousmane Sonko a insisté sur le fait que l’Etat doit prendre ses responsabilités face à la récurrence des accidents. Pour lui, en plus des facteurs humains, de la vétusté des véhicules et des infrastructures défaillantes, la corruption et le manque de coopération entre les services concernés sont des causes majeures de ces tragédies routières.
Selon l’Agence nationale de sécurité routière (Anaser), le Sénégal enregistre en moyenne plus de 4000 accidents de la route par an, dont 745 décès en 2019, soit près de deux morts par jour. Ces accidents sont la principale cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans et la deuxième cause chez les 25-39 ans, après le Sida.
L’Anaser alerte également sur le fait que la croissance rapide de l’urbanisation, l’augmentation du nombre de véhicules et la jeunesse de la population pourraient aggraver cette situation, touchant en particulier les usagers les plus vulnérables.
ODL/te/Sf/APA