Quelque 4 000 habitants de deux communautés locales du delta du Niger ont obtenu le feu vert pour poursuivre en justice, au Royaume-Uni, le géant pétrolier Shell, accusé de pollution environnementale.
La décision autorisant la poursuite de Shell marque l’aboutissement d’une bataille judiciaire de dix ans pour les populations du delta du Niger, affectées par l’exploitation pétrolière menée par la multinationale britannique dans leur région.
Le procès préliminaire sur l’application du droit nigérian dans l’affaire opposant Shell aux communautés d’Ogale et de Bille s’ouvrira le 13 février devant la Haute Cour de Londres et se poursuivra jusqu’au 10 mars 2025.
Les plaignants affirment que leur cadre de vie a été ravagé par des centaines de marées noires qu’ils imputent aux activités lucratives de Shell. Les fuites de pétrole ont causé des destructions massives de l’environnement, décimant la faune aquatique et la végétation, tout en privant des milliers de personnes d’un accès à l’eau potable.
Le cabinet d’avocats Leigh Day représente les deux communautés dans cette audience préliminaire, qui doit clarifier plusieurs points de droit privé et constitutionnel nigérian en vue de déterminer le cadre juridique applicable au procès principal.
Si ces communautés ont choisi de porter l’affaire devant la justice britannique, Shell a tenté à plusieurs reprises de faire traîner la procédure en niant toute responsabilité légale dans la pollution, selon les avocats des plaignants.
« Ces retards ont eu des conséquences dévastatrices sur la vie des habitants », a dénoncé Amnesty International dans un communiqué publié lundi.
Le directeur d’Amnesty International au Nigéria, Isa Sanusi, a accusé les compagnies pétrolières, et en particulier Shell, d’avoir exposé ces populations à des marées noires répétées, entraînant des dommages irréversibles aux terres agricoles, aux cours d’eau et aux ressources en eau potable.
« Même les nourrissons souffrent de graves malformations en raison de la contamination de l’eau et des autres impacts qui ont privé ces communautés de conditions de vie décentes », a-t-il ajouté.
En octobre dernier, la Cour d’appel du Royaume-Uni a statué en faveur des plaignants nigérians dans leur litige contre Shell pour pollution pétrolière.
Le 6 décembre 2024, la justice britannique a autorisé la tenue d’un procès complet contre la multinationale.
« Ces populations méritent justice et réparation. J’espère que ce procès, attendu depuis trop longtemps, contribuera à leur offrir une réponse judiciaire équitable », a déclaré Isa Sanusi.
Amnesty International, qui documente depuis des années les effets néfastes des activités de Shell dans le delta du Niger, exhorte l’entreprise à mener des consultations approfondies avec les communautés concernées avant tout désengagement.
L’ONG appelle également Shell à présenter un plan de dépollution complet, précisant l’état des opérations de nettoyage achevées et en cours, et à indemniser les habitants pour les préjudices subis.
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