Le port de Nouakchott est devenu depuis quelques jours la voie de prédilection des autorités maliennes de transition pour exporter le coton brut du pays.
Le Mali continue de trouver de nouveaux partenaires pour contourner l’embargo de la Cedeao. Les lourdes sanctions économiques, prononcées il y a près de deux mois pour pousser les militaires au pouvoir à passer la main, n’avaient pas épargné le coton, sachant comment l’exportation de ce produit est précieux à l’État malien assis sur un territoire qui n’a pas de frontière maritime.
Face à la fermeture des frontières du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, les alternatives qui se présentaient au Mali étaient donc la Guinée, dirigée par un régime putschiste, l’Algérie et la Mauritanie, qui ne fait pas partie de la Cedeao. Ces pays ont tendu la main à Bamako, surtout Nouakchott où transite désormais le coton brut malien.
Ainsi, les premiers camions sont arrivés au port de Nouakchott, un moment symbolique rehaussé par la présence de plusieurs autorités dont les ministres des Transports, de l’Agriculture et du vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, rapporte Maliweb.
Le Mali, « en tête des producteurs de l’or blanc », n’en transforme que 2%. Mais il contribue à hauteur de 15% dans le PIB, en faisant donc un secteur économique vital pour le pays. Cette année, il a enregistré une récolte exceptionnelle estimée à quelque 800.000 tonnes. Cette production contraste toutefois avec celle de l’année dernière marquée par un boycott de la culture.
La plupart des producteurs s’étaient détournés du coton au profit du mil, du maïs ou du soja parce que le prix au producteur fixé par avance était jugé trop bas. Mais pour la présente campagne, le prix d’achat retenu de 280 francs CFA le kilogramme a poussé ces derniers à semer 795 000 hectares de cotonniers, contre 160 000 l’an dernier.
Avant les sanctions de la Cedeao, « un tiers » de la récolte de la présente campagne avait réussi à être exporté via des ports comme celui de Dakar principalement, où le Mali détient des entrepôts pour l’exportation et l’importation de ses marchandises.
Ce mercredi, le quotidien sénégalais L’AS a indiqué que « le Sénégal subit de plein fouet les sanctions de la Cedeao » après que les autorités maliennes ont décidé d’exporter le coton du pays via les ports mauritaniens. Le corridor Dakar-Bamako, long de 1350 km, accueille plus de 1000 camions par jour pour des recettes de 253 milliards par an pour le Sénégal.
Citant des chiffres de l’Agence nationale de la statistique et la démographie (ANSD), le journal souligne que le port de Dakar « vit à 50% des produits destinés vers le Mali. Pour la seule année 2020, le Mali a accueilli 21% des exportations de marchandises du Sénégal, soit plus que l’ensemble du continent (18%) et dix fois le montant des ventes en destination de la France qui est de 2% ».
ODL/cgd/APA