Les politiques pour la résilience et les combats contre les inégalités ne rencontreront pas les succès attendus sans les chemins de fer qui facilitent le développement inclusif, harmonieux et durable selon le Premier ministre sénégalais, Amadou Ba.
S’il y a bien une chose dont l’Afrique a tant besoin pour assurer son intégration économique et son développement, ce sont les chemins de fer. Le Premier ministre du Sénégal, Amadou Ba, qui présidait, jeudi à Diamniadio, à 30 km de Dakar, le Forum international sur le financement des projets ferroviaires sur le continent noir, en est convaincu.
« Il est admis par tous que sans le rail, le monde n’aurait pas atteint son niveau actuel de croissance économique. Il faut désormais admettre que nos politiques pour la résilience et nos combats contre les inégalités ne rencontreront pas les succès attendus sans les chemins de fer qui facilitent le développement inclusif, harmonieux et durable », a-t-il déclaré.
De même, a relevé M. Ba, dans la marche vers l’émergence, la construction et/ou la réhabilitation de lignes des chemins de fer, ainsi que le développement des corridors et l’acquisition de matériels roulants sont essentiels.
« Tout investissement dans le ferroviaire, accompagné de mesures adéquates renforce la productivité à moyen et long terme de nos économies. Mieux, les programmes d’aménagement et de rééquilibrage des territoires, en termes de capital humain et de capital physique ne pourront être accélérés qu’avec le développement des chemins de fer », a-t-il souligné.
Relever le défi du financement
Si l’importance des chemins de fer n’est plus à démontrer, il n’en demeure pas moins que la question de leur financement pose un sérieux problème. « Le financement des infrastructures ferroviaires constitue un défi majeur en Afrique, aussi bien au niveau national qu’au niveau continental », a-t-il relevé.
L’équation est d’autant plus complexe que « la plupart de nos États sont confrontés en cette période, à de fortes contraintes budgétaires, assorties de difficultés pour trouver les ressources financières nécessaires à la réhabilitation des lignes, à la construction de nouvelles infrastructures, à l’entretien régulier des réseaux ferroviaires et à l’acquisition de matériels roulants qui répondent aux normes et au confort requis », a affirmé le PM.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a dénoncé « les explications subjectives » avancées pour justifier l’insuffisance des investissements dans les infrastructures ferroviaires sur le continent noir.
Partant de là, il a invité les participants au Forum à produire une argumentation objective à partir des différentes approches de calcul économique et des démarches stratégiques pour inciter les bailleurs de fonds à investir dans ce secteur incontournable pour l’intégration africaine.
Des avantages comparatifs indéniables
Un peu partout à travers le monde, la question de la rentabilité des investissements dans le secteur ferroviaire revient très souvent dans les débats. S’il en est ainsi, c’est parce que plusieurs compagnies du domaine sont en effet déficitaires. Toutefois, pour le Premier ministre, Amadou Ba, cela ne doit pas décourager les Etats et les investisseurs à redynamiser ce secteur.
A l’en croire, un réseau ferroviaire performant peut être couteux au début, mais il est toujours très profitable à l’avenir. Aussi, a-t-il indiqué, la rentabilité des investissements publics ne doit pas être analysée à l’aune de la seule rentabilité financière.
En effet, a-t-il fait remarquer, le rail offre beaucoup d’avantages comparatifs par rapport à la route. « Le coût par kilomètre de voie ferroviaire réhabilitée est inférieur de 50 % à celui d’une route à deux voies. Par ailleurs, le rail a aussi une meilleure longévité : les routes doivent être entièrement refaites tous les 7 à 10 ans, contre 15 à 20 ans pour les voies ferrées. Sa consommation d’énergie et son empreinte carbone par tonne transportée sont aussi inférieures à celles de la route et des avions, le gain pouvant atteindre en moyenne 80 % », a-t-il dit.
En définitive, un chemin de fer performant engendre toujours des bénéfices économiques multiples avec un impact positif sur le niveau des activités portuaires, une accessibilité vers les régions enclavées, une réduction de la facture énergétique. Dans le contexte actuel de lutte contre les changements climatiques, le transport par chemin de fer consomme quatre fois moins de carburant que par la route, a conclu le chef du gouvernement.
ARD/te/APA