En 2023, 31 systèmes de paiement instantané (SIIPS) ont traité un volume record de 49 milliards de transactions, pour une valeur totale de 1 036 milliards de dollars US, soit une croissance annuelle moyenne de 39 % depuis 2019, informe le Rapport SIIPS 2024 d’AfricaNenda.
L’Afrique connaît une transformation majeure dans son paysage financier grâce à l’essor des Systèmes de Paiement Instantané Inclusifs (SIIPS). Le Rapport SIIPS 2024, publié ce mercredi à Accra (Ghana) par AfricaNenda, révèle que le continent compte désormais 31 SIIPS en activité, incluant 28 systèmes nationaux et 3 systèmes régionaux.
Depuis 2023, deux nouveaux systèmes nationaux ont été introduits : KWiK en Angola et LeSwitch au Lesotho. Ces ajouts portent à 20 le nombre de pays africains dotés d’au moins un SIIPS national.
Les systèmes régionaux comme GIMACPAY (CEMAC), PAPSS (Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest) et TCIB (CDAA) complètent ce tableau, renforçant l’interconnexion au-delà des frontières nationales.
En 2023, ces 31 SIIPS ont traité un volume record de 49 milliards de transactions, pour une valeur totale de 1 036 milliards de dollars US, soit une croissance annuelle moyenne de 39 % depuis 2019, informe le document. Ces chiffres illustrent la montée en puissance des paiements numériques sur le continent.
« L’Afrique se positionne comme un leader mondial en matière de paiements instantannés inclusifs. Ces systèmes ne sont pas seulement des outils technologiques, mais également des catalyseurs de transformation économique et sociale, rapprochant chaque africain Africain des avantages des paiements numériques », a déclaré Sabine Mensha, Directrice Générale adjointe d’AfricaNenda Foundation.
Un Système de paiement instantané inclusif (SIIPS) est une infrastructure financière numérique permettant de traiter des transactions instantanées, de faible montant, accessibles à tout moment (24h/24 et 7j/7).
Les SIIPS offrent des paiements irrévocables en temps quasi réel, et leur conception vise à inclure le maximum d’utilisateurs, notamment les particuliers, entreprises et gouvernements, et les fournisseurs de services financiers, qu’ils soient bancaires ou non bancaires.
L’inclusivité d’un SIIPS repose sur deux principaux piliers, l’accessibilité fonctionnelle qui suppose que tous les utilisateurs finaux doivent pouvoir y accéder facilement, et la gouvernance équitable. Cette dernière inclut que tous les fournisseurs agréés doivent bénéficier d’un accès juste et pouvoir participer au développement du système.
« Alors que nous nous efforçons de faire progresser l’intégration régionale, les systèmes de paiement instantané sont essentiels pour offrir des services financiers sécurisés, en temps réel et inclusifs à travers les frontières », a déclaré Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce à la CEA.
Retrait de trois systèmes précédemment inclus
Le rapport 2024 note également le retrait de trois systèmes précédemment inclus : SYRAD (Djibouti), NamPay (Namibie) et Somalia Instant Payment Network (Somalie). Ces systèmes ont été exclus pour diverses raisons.
SYRAD n’a pas été inclus dans l’édition 2024, car ses fonctionnalités ne sont pas encore totalement déployées. De même, il n’a pas atteint un niveau de maturité permettant de garantir un service continu et pleinement opérationnel, note la recherche.
De son côté, NamPay n’assure pas une disponibilité 24h/24, 7j/7, 365 jours par an, ce qui constitue une condition essentielle pour être considéré comme un SIIPS inclusif. Cette limitation nuit à son efficacité et à son attractivité pour les utilisateurs, relève le rapport.
Actuellement en cours de modernisation, Somalia Instant Payment Network ne remplit pas encore toutes les conditions nécessaires pour répondre aux standards d’un SIIPS inclusif. Certaines de ses fonctionnalités sont absentes ou incomplètes, ce qui empêche une adoption optimale.
Opportunités et défis pour l’avenir
Si les 31 SIIPS existants démontrent un potentiel énorme, des défis persistent pour atteindre une pleine maturité, notamment le renforcement de l’interopérabilité régionale, la réduction des frais de transaction, et le développement des mécanismes de recours efficaces pour les utilisateurs.
Cependant, les initiatives en cours pour moderniser les infrastructures numériques et promouvoir des réformes réglementaires devraient accélérer leur adoption et leur inclusivité.
Pour Dr Robert Ochola, Directeur général d’AfricaNenda, un des piliers fondamentaux de la transformation structurelle de l’Afrique est l’inclusion financière. « Pour sortir des millions de nos frères et sœurs de la pauvreté, nous devons leur fournir les outils et les infrastructures nécessaires pour les autonomiser financièrement. Cela implique de permettre à chaque Africain de posséder et d’accéder à une forme de portefeuille financier », a-t-il plaidé.
« Les systèmes de paiement instantané sont essentiels pour offrir des services financiers sécurisés, en temps réel et inclusifs à travers les frontières », a conclu Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
ARD/te/Sf/APA