Le sort de l’opération Barkhane devrait être prononcé mercredi en marge d’une réunion à Paris suivie le lendemain d’un sommet euro-africain.
Plusieurs chefs d’Etat et de hauts responsables africains et européens se retrouvent mercredi 16 février, pour un dîner à Paris, autour du président français Emmanuel Macron, afin de discuter de l’avenir de la présence militaire française au Mali et dans le reste du Sahel. La rencontre sera suivie le lendemain, jeudi 17 février, à Bruxelles (Belgique), par un sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA).
Pour le dîner de l’Elysée, Emmanuel Macron a convié trois chefs d’Etat du G5 Sahel, le Nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, excluant leurs homologues burkinabé et malien arrivés au pouvoir par coups d’Etat.
Le président de l’UA, Macky Sall, et le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo, seront de la partie, tout comme le président du Conseil européen Charles Michel, et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Devant son homologue sénégalais Macky Sall, président de l’UA depuis début février, et ses partenaires sahéliens, Emmanuel Macron, nouveau président de l’UE, doit présenter une réorganisation de l’opération militaire française Barkhane menée par son pays pour lutter contre les groupes jihadistes au Sahel. L’Élysée souhaite trouver des solutions concertées et collectives avec ses partenaires africains et européens avant le très probable retrait des troupes françaises du Mali.
Selon de nombreuses sources, la moitié des 4800 soldats français actuellement déployés dans le cadre de cette opération sont stationnés au Mali.
Les autorités de Paris et Bamako ne parlent plus le même langage depuis plusieurs semaines. La tension est si grande entre les deux capitales que les militaires au pouvoir à Bamako ont décidé, le 31 janvier, d’expulser l’ambassadeur de France, demandant plus de « respect » de la part de ses autorités. Paris avait traité les actuels dirigeants maliens d’« illégitimes » prenant des « décisions irresponsables ».
Les conditions ne semblaient donc plus réunies pour que la France maintienne son action militaire au Mali. En plus du maintien des militaires maliens au pouvoir, la supposée arrivée des mercenaires russes de Wagner semble constituer une autre ligne rouge qui a été franchie, d’après les autorités françaises. Sur fond de sentiment antifrançais croissant au Sahel, Paris avait annoncé aussi « travailler d’ici la mi-février » à l’adaptation de son dispositif militaire dans la région et va vraisemblablement acter son retrait militaire forcé du Mali.
Avant-hier lundi 14 février, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, affirmait que « si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera à combattre le terrorisme à côté avec les pays du Sahel qui sont eux tout à fait demandeurs ». Ce qui voudrait dire que le retrait des troupes françaises au Mali se précise, même si elles vont recentrer leur action au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, entre autres pays sahéliens actuellement visés par les violences djihadistes.
Selon les données publiées par le ministère de la Défense français en décembre 2021, l’opération Barkhane dispose de trois bases militaires dans le nord du Mali. La principale se situe à Gao et dispose d’hélicoptères de combat, de troupes, de véhicules blindés lourds et de moyens logistiques de transport.
ODL/cgd/APA