Le parlement de la junte de Bamako vote pour une transition de cinq ans.
C’est une douche froide pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors que l’organisation sous-régionale, soutenue par les partenaires internationaux du Mali, dont la France, se montrait favorable à une transition d’un an dans ce pays pour envisager la levée de l’embargo économique, le Conseil nations de transition (CNT) vient d’entériner lundi, 21 février, une période de transition pouvant aller jusqu’à cinq ans avant la tenue des élections et un retour à l’ordre constitutionnel au Mali.
Le CNT, dirigé par le colonel Malick Diaw, a approuvé par 120 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention une révision de la Charte de la transition. Désormais elle fait office d’acte fondamental durant ce quinquennat précédant un retour des civils à l’horizon 2027.
La révision approuvée ce lundi, dispose que la durée de la transition sera conforme aux recommandations formulées à l’issue des consultations nationales tenues en décembre 2021. Les conclusions de ces Assises ont donné mandat aux autorités Intérimaires de conduire une transition de six mois à cinq ans. Ces Assises ne mentionnent pas de date exacte pour la tenue des futures élections présidentielle et législatives devenue la pomme de discorde entre le Mali, la Cedeao et les partenaires internationaux du pays.
Dans cette nouvelle charte, le poste de vice-président de la transition est supprimé. Le nombre de parlementaires désignés et non élus passent de 121 à 147 pour la période de la transition.
La nouvelle charte dispose qu’en tant que président de transition, le colonel Assimi Goïta ne pourra pas se présenter aux prochaines élections, présidentielle et législatives. Une amnistie est aussi votée pour les auteurs des deux derniers coups d’État.
La version originelle de la charte, promulguée par les militaires le 1er octobre 2020 un peu plus d’un mois après leur premier putsch en août 2020 contre le président élu Ibrahim Boubacar Keïta, récemment décédé, fixait la durée de la transition à 18 mois. Elle prévoyait un couplage de la présidentielle et des législatives le 27 février 2022. Mais face à la détérioration de situation politique dans le pays, les autorités maliennes sont revenues sur cet engagement.
Le Mali est plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d’une double insurrection indépendantiste et jihadiste en 2012. Cela avait nécessité l’intervention de la France en 2013 dans le cadre de l’opération Serval sur demande du gouvernement de la transition dirigé par Dioncounda Traoré pour repousser les jihadistes qui s’étaient emparés des villes de Gao et de Tombouctou.
Mais, presque dix ans après cette intervention française dénommée Serval, devenue plus tard Barkhane avant d’être enrichie par une force de l’Union européenne, Takuba, Paris et ses alliés occidentaux ont annoncé leur retrait du territoire malien à cause des désaccords avec les dirigeants maliens sur la durée de la transition et l’arrivée de la société privée militaire russe Wagner. Cette décision majeure a été annoncée par la France et ses alliés dans un communiqué commun le 17 février 2022 en marge du dernier sommet Union européenne – Union africaine tenu à Bruxelles.
Ce retrait, selon Emmanuel Macron, président de la République française, « se traduira par la fermeture des emprises de Gossi de Ménaka et de Gao, il sera effectué de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et avec la Mission des Nations unies au Mali et durant cette période, nous maintiendrons nos missions de soutien au profit de la Minusma » a-t-il précisé.
CD/APA