La tournée du Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, bouclée en Ethiopie, traduit que le continent reste une « priorité pour l’Amérique » compte tenu des « intérêts » de « grande puissance » qu’elle développe dans sa politique étrangère.
C’est en tout cas l’avis de Docteur Ousmane Sène, directeur du Centre ouest-africain de recherches (WARC), dans un entretien avec APA.
A la question de savoir si l’Afrique fait partie des priorités de l’Administration de Donald Trump, l’actuel président américain qui semblait jusque-là snober les pays africains, Dr. Sène martèle que « l’Afrique est une priorité pour l’Amérique » comme le sont également « toutes les (autres) régions du monde ».
Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à avoir effectué une tournée en Afrique subsaharienne ces trois dernières années. Mais au cours de celle-ci, l’ex-chef de la CIA (2017 à 2018) n’a jeté son dévolu que sur le Sénégal, l’Angola et l’Ethiopie.
Toutefois, Dr Sène ne fait pas de rapprochement avec son passé dans cette puissante agence de renseignement, qualifiant de « raisonnable » le choix porté sur ces trois « pays phares », en rapport surtout « aux grandes préoccupations, aux grands intérêts et aux grandes questions ».
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Si l’Angola, pays « producteur de pétrole », « a été félicité par Mike Pompeo pour les efforts fournis dans la lutte contre la corruption », l’Ethiopie est pour sa part « un pays qui est en train d’émerger » sans tenir compte de ses relations de « longue date » avec les Etats-Unis, poursuit le directeur du WARC.
Sur « cette sorte d’exemple » qu’est le Sénégal, il reconnait que « beaucoup de présidents américains ont visité le continent africain, mais rarement on a vu un président américain venir en Afrique et ne pas visiter le Sénégal ».
Pompeo en Afrique : « une très bonne chose »
Sous le regard de Mike Pompeo, des entreprises américaines ont signé dimanche dernier à Dakar avec des structures publiques sénégalaises cinq mémorandums d’entente portant sur le développement, le financement et l’exécution de projets dans les secteurs de l’énergie, de la santé et des infrastructures.
Dans le jargon diplomatique, un mémorandum d’entente veut dire qu’il y a des secteurs dans lesquels des pays « se sont entendus pour travailler ensemble ou pour offrir des financements », explique le directeur du WARC, donnant l’exemple du Millenium challenge account (MCC) qui a permis au Sénégal de récolter des « centaines de milliards de francs CFA » pour booster son secteur énergétique.
Ousmane Sène voit ainsi d’un bon œil la visite de Pompeo en Afrique. « Elle arrive au moment où les gens disaient que les Etats-Unis envisagent de réduire leur présence militaire en Afrique par rapport à la menace terroriste ». Mais si le secrétaire d’Etat américain tient un discours contraire en affirmant que son pays va « continuer à se battre contre le péril terroriste : c’est une très bonne chose », analyse-t-il.
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« Il faut être optimiste et se dire que les Etats-Unis ont senti le besoin de commencer à se secouer pour montrer à l’Afrique qu’elle compte », a noté Dr Sène, rappelant que leur population a une composante d’origine africaine au point de vue « émotionnel, culturel, historique, politique et économique ».
En plus de cela, a-t-il souligné, « le potentiel de l’Afrique sur le plan économique n’existe nulle part ailleurs : population jeune, matières premières en quantité, chantiers..»
« Il y a beaucoup de secteurs dans lesquels les Etats-Unis pourraient absolument investir avec des profits pour les deux parties. Je crois que jusqu’à présent, l’investissement américain n’a pas été substantiel en Afrique », a indiqué Dr. Ousmane Sène.
ODL/Dng/cgd/APA