Rencontre avec des artisans burkinabè qui mettent leur savoir-faire et leurs moyens dans la lutte contre le coronavirus.
Georges Pitroipa s’occupe dans son atelier de soudure au sud-ouest de Ouagadougou, la capitale du « pays des hommes intègres ». Cet ouvrier spécialisé a la ferme intention de participer à l’effort national pour casser la chaîne de transmission du Covid-19. C’est pour cette raison que ce père de deux enfants vient d’ailleurs d’inventer un système subtil de lavage des mains. « J’ai remarqué que les gens utilisaient leurs mains pour ouvrir le robinet, la boîte de savon liquide, etc. Cela comporte des risques. J’ai donc réfléchi à un système de lavage des mains avec le moins de manipulations possibles », raconte l’artisan.
Les mains constituant, selon les experts, un des plus importants vecteurs de transmission du virus, le mécanisme mis au point par Georges permet une utilisation efficace sans contacts manuels. Du coup, les pieds sont sollicités dans ce système mécanique pour la distribution de l’eau et du savon liquide.
Georges, la trentaine révolue, confectionne trois modèles de lave-mains ayant respectivement une, deux ou trois pédales. Les prix sont compris entre 40.000 et 120.000 F CFA (60 et 182 euros). « Nous pouvons fabriquer quotidiennement dix lave-mains à une pédale, huit à deux pédales et trois à trois pédales », informe-t-il.
Le Faso Dan Fani mis en vedette
Ce pagne tissé a, depuis longtemps, dépassé les frontières burkinabè. Promu par le charismatique ancien chef de l’Etat Thomas Sankara, le Faso Dan Fani (pagne tissé de la patrie, en langue locale) s’est imposé dans le style vestimentaire des Burkinabè. L’actuel président de la République, Roch Marc Christian Kaboré en est actuellement l’un des plus illustres ambassadeurs.
Créatrice de la marque Ange Confection, Césarine Massom a porté son dévolu sur ce tissu traditionnel pour coudre des masques alternatifs destinés au grand public. Dans son local niché à Dassasgho, un quartier situé à l’est de Ouagadougou, le travail bat son plein.
« Les populations avaient des difficultés à trouver des masques médicaux. Mon objectif est de contribuer à la bataille contre la propagation de la maladie », souligne la jeune entrepreneure.
Césarine Massom, qui répète ne pas être motivée par le profit, vend ses masques en tissu à 150 F CFA l’unité (22 centimes d’euros). « Il s’agit d’un prix social. On n’a pas tenu compte de tous les coûts de production notamment le pagne tissé, les accessoires et le temps de confection », explique-t-elle.
Pour la patronne d’Ange Confection, le but est de permettre au maximum de personnes de « s’en procurer » afin que le virus ne circule pas sans entraves dans son pays.
Depuis le 9 mars dernier, le Burkina Faso a dénombré 581 cas de Covid-19 sur son territoire et le virus a déjà causé 38 décès.
En Afrique, la barre du millier de morts a récemment été franchie. Seuls deux pays du continent sont officiellement épargnés par la pandémie : le Lesotho et les Comores.
ALK/id/te/APA