Avec un objectif ambitieux de 15 millions de tonnes de trafic à l’horizon 2026, le Port autonome de Cotonou (PAC) passe à la vitesse supérieure dans la réalisation de ses projets.
Le Port de Cotonou vient d’obtenir un financement de 80 millions d’euros (52,47 milliards Fcfa) de la Banque africaine de développement (BAD) et de ses partenaires. Un investissement stratégique, qui doit permettre au principal port du pays de moderniser ses infrastructures et de mieux résister à une concurrence régionale toujours plus féroce.
Cet accord, signé le 12 février par Mike Salawou, directeur du département des infrastructures et du développement urbain de la BAD, et Baart Van Eenoo, directeur général du PAC, s’inscrit dans un vaste plan de modernisation.
L’objectif affiché est de rénover et d’étendre les installations portuaires, de moderniser les équipements et fluidifier le trafic des marchandises.
Avec 12,5 millions de tonnes traitées en 2022, le PAC concentre déjà 90 % du commerce extérieur béninois. Mais son importance dépasse les frontières nationales, puisque le Niger, le Burkina Faso et le Mali dépendent aussi directement du port de Cotonou.
Face à un environnement régional en évolution, le port de Cotonou continue de s’adapter. La conjoncture régionale n’a pas entamé la dynamique du port, qui poursuit sa modernisation pour renforcer son attractivité.
Dans un contexte où les acteurs régionaux – Lomé, Tema et Lagos – intensifient leurs investissements et où Dakar et Takoradi misent sur la digitalisation pour séduire les armateurs, Cotonou affirme sa position avec un plan de transformation structurant.
Un port en chantier
Sur les quais, les travaux avancent déjà. Le Port de Cotonou s’apprête à accueillir un terminal vraquier de 25 hectares gagné sur la mer, à approfondir son bassin, élargir son chenal d’accès et renforcer ses digues afin d’accueillir des navires de plus grande capacité.
En parallèle, un parking intelligent de 14 hectares devrait voir le jour à Zongo. Sur cette plateforme, les camions, conteneurs et la logistique seront numérisés et reliés au Guichet unique du commerce extérieur (GUCE).
Autre pièce maîtresse est le centre des affaires maritimes, situé sur le boulevard de la Marina. Actuellement en construction, ce complexe moderne comptera deux bâtiments de sept étages, un bâtiment de cinq étages ainsi qu’un parking vertical de 1 600 places.
Ces réalisations devraient permettre au Port autonome de Cotonou de centraliser les activités administratives pour renforcer la rapidité des opérations et professionnaliser davantage la gestion portuaire.
Porté par des infrastructures modernisées et une logistique optimisée, le PAC entend non seulement maintenir son rôle clé dans les échanges sous régionaux, mais aussi capter de nouvelles opportunités à mesure que la situation avec le Niger évolue.
De grandes attentes confortées par un plan d’envergure
Le financement de la BAD ne représente qu’une fraction du chantier global. Le plan directeur 2021-2026 du port implique un investissement total de plus de 450 millions d’euros, réparti sur une douzaine de projets stratégiques et financé par plusieurs bailleurs ainsi que par les fonds propres du PAC.
Le PAC veut dépasser les 20 millions de tonnes de trafic annuel à l’horizon 2030. Un défi considérable dans une région où 14 ports se disputent désormais la suprématie logistique. La rapidité des opérations, l’efficacité des infrastructures et la performance logistique seront déterminantes pour la compétitivité future.
Cette modernisation du Port autonome de Cotonou s’inscrit dans la stratégie du président du Bénin, Patrice Talon, qui a fait de cette façade maritime l’un des piliers majeurs de son plan de développement économique.
En consacrant près de 60 milliards de FCFA (environ 100 millions de dollars) à la transformation des infrastructures portuaires, le chef de l’État béninois entend positionner durablement Cotonou comme un hub incontournable en Afrique de l’Ouest.
Bien plus qu’une simple rénovation, il s’agit d’une ambition structurante pour l’économie nationale : renforcer l’attractivité du pays, stimuler la création d’emplois, accélérer le développement commercial et attirer davantage d’investissements étrangers.
AP/Sf/APA