Ces dernières années, les partis de libération qui symbolisaient autrefois l’espoir et la résilience en Afrique australe semblent perdre leur emprise sur le pouvoir.
Du Botswana au Zimbabwe, les anciens partis de libération sont à la peine. Les électeurs expriment leur mécontentement, ce qui soulève la question de savoir si une main invisible n’est pas en train d’influencer ce changement politique.
Historiquement, les mouvements de libération tels que le Parti démocratique du Botswana (BDP), le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), l’Organisation populaire du Sud-Ouest africain (SWAPO) de Namibie, le Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud et la ZANU-PF du Zimbabwe ont été les architectes de la gouvernance postcoloniale.
Cependant, alors que les citoyens sont confrontés à des défis socio-économiques de plus en plus importants, ces partis autrefois vénérés subissent aujourd’hui d’importants revers électoraux.
Au Botswana, le BDP, au pouvoir depuis l’indépendance en 1966, a perdu les élections qui se sont tenues fin octobre.
Ces élections marquent le début d’une nouvelle ère pour le pays, avec un rejet catégorique du BDP, au pouvoir depuis près de six décennies, et une victoire retentissante de l’Umbrella for Democratic Change (UDC) du président Duma Boko.
L’UDC a remporté 36 des 61 sièges directement élus au Parlement, tandis que l’ancien parti au pouvoir n’en a remporté que quatre.
Au Mozambique, la domination prolongée du FRELIMO est remise en cause par les partis d’opposition qui capitalisent sur le mécontentement de la population face à la corruption et à la médiocrité des services fournis.
Lors des élections du 9 octobre, le candidat présidentiel du FRELIMO, Daniel Chapo, a remporté plus de 70 % des voix, tandis que le parti a augmenté le nombre de ses sièges au parlement, qui est passé de 184 à 195, selon la commission électorale du pays.
Toutefois, les partis d’opposition ont contesté les résultats du scrutin, affirmant que les votes avaient été largement falsifiés.
Venancio Mondlane, le principal dirigeant et deuxième candidat avec 20 % des voix, soutenu par le parti Podemos, a mené des manifestations depuis le 21 octobre qui ont semé le trouble dans tout le Mozambique.
Le différend a retardé la confirmation des résultats par la Cour constitutionnelle, qui a le dernier mot sur les résultats des élections.
En Namibie, la SWAPO a progressivement perdu son emprise sur le pouvoir au cours des dix dernières années.
Bien qu’elle soit toujours au pouvoir, la SWAPO a été critiquée pour ne pas avoir pris en compte les disparités économiques, ce qui a entraîné une baisse sensible du nombre de ses partisans.
Lors des dernières élections namibiennes, qui se sont tenues le 27 novembre, la SWAPO a remporté 51 des 96 sièges élus, contre 63 lors des précédentes élections de 2019.
Son candidat à la présidence, Netumbo Nandi-Ndaitwah, a obtenu 58,1 % des voix, devançant son plus proche rival, Panduleni Itula (25,8 %), du parti Patriotes indépendants pour le changement.
L’ANC sud-africain, autrefois chouchou du mouvement anti-apartheid, a été miné par des scandales et des allégations de corruption, ce qui lui a valu ses pires résultats électoraux en 2024, lorsqu’il a perdu sa majorité parlementaire pour la première fois depuis l’avènement de la démocratie en 1994, passant sous la barre des 50 %.
Le déclin de l’ANC l’a conduit à former un gouvernement d’unité nationale avec dix autres partis politiques, faute de quoi il se retrouverait sans pouvoir.
Pendant ce temps, le ZANU-PF du Zimbabwe continue de faire face à une opposition croissante, les difficultés économiques et la répression politique alimentant les dissensions contre le parti au pouvoir.
Cette tendance soulève la question suivante : y aurait-il une main invisible qui tire les ficelles en coulisses ?
Les analystes suggèrent que des influences extérieures, y compris des puissances étrangères et des organisations internationales, pourraient subtilement façonner le paysage politique de ces pays.
Les pressions économiques, les changements dans la dynamique du commerce mondial et la prolifération des médias sociaux permettent aux citoyens d’exiger davantage de leurs dirigeants et de remettre en cause le statu quo.
Alors que les partis de libération sont aux prises avec le déclin de leur influence, la voie à suivre reste incertaine.
Autrefois porte-paroles des aspirations de leur peuple, ces partis sont aujourd’hui confrontés à un mécontentement croissant qui les pousse à l’introspection et à la réforme.
La question est maintenant de savoir s’ils peuvent s’adapter à l’évolution du climat politique ou s’ils seront balayés par le vent du changement, laissant la place à de nouveaux dirigeants.
JN/lb/te/Sf/APA