Au lendemain de l’annonce d’un « retrait coordonné » des soldats français et de leurs alliés européens, les autorités de transition maliennes veulent que cette opération se fasse « sans délai ».
Le Mali d’Assimi Goïta a hâte de tourner la page. Dans un communiqué, publié ce vendredi, Bamako enjoint à Paris de ne pas perdre de temps pour le retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba.
Les autorités de transition prennent acte de la « décision unilatérale » de la France même si elle constitue une « violation » des accords liant les deux pays ainsi que d’autres partenaires. Au plus vite, le gouvernement malien s’attend donc à ce que ces troupes étrangères quittent son territoire national sous sa supervision.
D’après la junte, la résolution de l’Élysée n’est pas surprenante après les « annonces également unilatérales du 3 juin 2021 (portant sur) la suspension des opérations conjointes avec l’armée malienne et le 10 juin 2021 de la fin de l’opération Barkhane sans préavis et sans consultation préalable ».
Toutes ces actions, soutient Bamako, sont des violations flagrantes du cadre juridique qui sous-tend sa coopération militaire avec la France. Malgré presque une décennie de présence au Mali, constate le gouvernement de Choguel Kokalla Maïga, « les résultats obtenus et annoncés officiellement par les autorités françaises n’ont pas été satisfaisants ».
En effet, explique le document, l’opération Serval lancée en 2013 n’a pas permis de « détruire le terrorisme, restaurer l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire national et faire appliquer les résolutions des Nations Unies ». De la même façon, poursuit la source, l’opération Barkhane démarrée en 2016 n’a pu « lutter (efficacement) contre le terrorisme, aider à faire monter l’armée malienne en puissance et intervenir en faveur des populations ».
Autant de manquements qui, selon les autorités de transition, ont exposé le Mali à un risque de partition et favorisé l’expansion de la menace terroriste seulement localisée au Nord du pays avant l’intervention française.
Au demeurant, le Mali estime que « l’opération Serval n’aurait pas été nécessaire si l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) n’était pas intervenue en Libye en 2011 » parce que c’est la chute de Tripoli « qui a fondamentalement modifié la donne sécuritaire » au Sahel.
Dans le même ordre d’idées, la junte pointe la responsabilité de la France ayant « joué un rôle actif de premier plan » dans la déstabilisation de cette partie du continent.
Grâce aux actions « volontaristes » dont la diversification des partenariats qu’il a entreprises, le gouvernement malien affirme que la montée en puissance de ses forces armées a amélioré significativement la situation sécuritaire sur le terrain depuis six mois.
Si cette dynamique se poursuit, espère Bamako, les conditions pour la tenue d’élections seront créées. Pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, un mécanisme de concertation visant à adopter un chronogramme consensuel en rapport avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union Africaine (UA), les Nations Unies et certains États de la région a été mis en place.
ID/APA