Une étude récente révèle que les compagnies maritimes basées dans les pays à hauts revenus évitent chaque année de payer 11 milliards de dollars d’impôts aux pays en développement.
Le rapport « Global Shipping : Mega Profits, Micro Taxes », publié par Opportunity Green, met en lumière le déséquilibre fiscal du secteur maritime. Entre 2019 et 2023, les 10 plus grandes compagnies du secteur, toutes basées dans des pays à revenu élevé, ont cumulé 93 % des bénéfices mondiaux du transport maritime (soit 340 milliards de dollars), tout en étant imposées à un taux largement inférieur à la moyenne mondiale.
Si ces entreprises avaient payé l’impôt moyen applicable, plus de 42 milliards de dollars supplémentaires auraient pu être collectés. Une somme suffisante pour financer une aide alimentaire aux 282 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde.
Une pression accrue pour une taxation mondiale du secteur
Cette révélation intervient alors que l’Organisation maritime internationale (OMI) s’apprête à finaliser une taxe carbone mondiale sur les émissions du transport maritime, lors d’une réunion cruciale à Londres le mois prochain. Si elle est adoptée, il s’agira de la première taxation mondiale sur un secteur polluant, avec une redistribution des recettes à l’échelle internationale.
L’OMI vise à instaurer un prix du carbone pour atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2050, tout en garantissant une transition équitable. Plus de 60 pays, ainsi que des acteurs de l’industrie, soutiennent cette initiative, suggérant une taxe comprise entre 18 et 150 dollars par tonne de CO₂ émise.
Les 176 États membres de l’OMI doivent finaliser les modalités de cette taxe (montant, champ d’application, redistribution des revenus) lors de deux sommets du 31 mars au 1er avril, et du 7 au 11 avril.
Cette décision pourrait marquer un tournant pour la transition écologique du secteur, tout en corrigeant une iniquité fiscale majeure au détriment des pays en développement.
TE/Sf/APA