Kinshasa et Kigali durcissent le ton alors que la médiation angolaise tente de ramener les protagonistes à la table des négociations. Malgré l’appel au cessez-le-feu lancé par la présidence angolaise, les dirigeants congolais et rwandais ont multiplié ce week-end les déclarations offensives, ravivant les tensions dans la région des Grands Lacs.
Les tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda se sont intensifiées avec une montée de la rhétorique belliqueuse de part et d’autre, malgré un appel au cessez-le-feu lancé par la présidence angolaise.
Le Vice-Premier ministre et ministre de la Défense congolais, Me Guy Kabombo Muadianvita, a affirmé samedi que « si nous avons une armée forte, aucun pays voisin ne va oser nous défier », lors d’une visite aux militaires blessés au Centre d’encadrement et d’instruction de Mikondo à Kinshasa. Une déclaration perçue comme une mise en garde implicite à l’égard du Rwanda, dans un contexte de tensions accrues dans l’est de la RDC.
Le lendemain, à Kigali, le président rwandais Paul Kagame a déclaré que « nous ne devons pas avoir peur de parler, de nous battre pour nous-mêmes et contre ceux qui veulent nous anéantir », lors d’un échange avec la population dans le cadre du programme « Kwegera Abaturage » (Se rapprocher des citoyens).
À Kinshasa, le ministre de la Défense a en outre appelé les militaires congolais à rester mobilisés face aux menaces extérieures. « J’en appelle à votre conscience et votre éveil pour ne pas vous laisser berner par les discours des traîtres », a-t-il insisté, avant de faire répéter la devise des Forces Armées de la RDC : « Ne jamais trahir le Congo ».
De son côté, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a défendu la position de son pays en déclarant à la RTBF que « le Rwanda déploie ses mesures pour protéger sa population » face à une « menace permanente depuis 30 ans ». Il a rejeté toute implication directe de Kigali en RDC, affirmant que « le M23 est un mouvement congolais » et que « le Rwanda ne prend pas de territoire à l’est de la RDC ».
Dans ce climat de tensions, la présidence angolaise a rappelé que le cessez-le-feu devait inclure « toutes les actions hostiles contre les populations civiles, ainsi que toute avancée sur le terrain », en vue de favoriser des discussions de paix attendues à Luanda entre Kinshasa et le M23.
Cette initiative diplomatique intervient alors que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a annoncé le 13 mars, lors d’un sommet extraordinaire à Harare, la fin du mandat de sa mission militaire en RDC (SAMIDRC) et le retrait progressif de ses troupes.
L’escalade verbale entre Kinshasa et Kigali fait craindre une nouvelle impasse dans les efforts de médiation, alors que le conflit continue de provoquer des milliers de victimes et le déplacement de millions de personnes.
AC/Sf/APA