Alors que la SADC se mobilise sur la crise en RDC, Kigali rejette toute implication dans la prise de territoires à l’est du pays.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a fermement démenti toute implication territoriale du Rwanda dans l’est de la République démocratique du Congo lors d’une interview accordée à la RTBF mercredi 12 mars.
« Qui a pris des territoires à l’est de la RDC, Goma, Bukavu, c’est le M23 qui est un mouvement congolais. Le Rwanda, comme je l’ai expliqué, ne prend pas de territoire à l’est de la RDC », a déclaré le chef de la diplomatie rwandaise, qualifiant la situation de « menace existentielle » pour son pays.
Le ministre a justifié la posture de Kigali en évoquant des raisons historiques. « Ces 30 dernières années, on a le mouvement génocidaire qui est donc issu de ces personnes qui ont commis le génocide contre les Tutsis au Rwanda, qui a été entretenu, armé, financé par différents gouvernements congolais et qui a mené des attaques régulières sur notre territoire », a-t-il rappelé.
« Il est normal que le Rwanda déploie ses mesures pour protéger notre population », a-t-il ajouté, face à ce qu’il décrit comme « une menace permanente depuis ces 30 dernières années de la part de la RDC, de la part des différents gouvernements congolais, de la part des différentes milices. »
La SADC intensifie sa réponse face à la crise
Ces déclarations interviennent à la veille d’un nouveau Sommet extraordinaire virtuel des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), prévu le 13 mars 2025, et spécifiquement consacré à la dégradation continue de la situation sécuritaire en RDC.
Ce sommet, présidé par le président zimbabwéen Dr. Emmerson Mnangagwa, survient une semaine seulement après la réunion de la Troïka Plus tenue le 6 mars, témoignant de l’urgence de la situation après que les forces de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) ont subi de lourdes pertes.
Lors de la précédente réunion, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan avait déclaré : « La région de la SADC fera de son mieux pour aider la RDC », réaffirmant « la solidarité de la SADC avec le peuple de la RDC dans un esprit d’unité et de coopération. »
Le sommet du 13 mars devrait statuer sur les recommandations issues de la réunion du 6 mars, notamment concernant une possible révision du mandat de la SAMIDRC, dans un contexte d’intensification des affrontements dans l’Est de la RDC.
Ces développements diplomatiques illustrent la complexité de la situation dans une région où les tensions entre le Rwanda et la RDC persistent, Kinshasa accusant régulièrement Kigali de soutenir le mouvement rebelle M23, qui a conquis de vastes territoires dans l’est congolais depuis fin 2021.
AC/Sf/APA