Alors que l’administration Trump a suspendu l’aide étrangère pour 90 jours afin d’en réévaluer l’efficacité, le secrétaire d’État Marco Rubio a précisé les priorités de Washington. Dans un entretien à SiriusXM Patriot lundi, il a affirmé que certains programmes humanitaires, comme le PEPFAR contre le VIH en Afrique, seraient maintenus, tandis que d’autres, jugés inefficaces ou éloignés des intérêts américains, pourraient être supprimés. Une position qui inquiète les ONG et les pays bénéficiaires.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, l’administration Trump a mis en pause l’aide étrangère américaine, à l’exception de l’assistance militaire à Israël et à l’Égypte, ainsi que de l’aide alimentaire d’urgence. Une décision qui a suscité diverses réactions.
Dans ce contexte, Marco Rubio a insisté sur la nécessité de revoir l’allocation des fonds publics. « Nous allons nous débarrasser de ceux qui n’ont pas de sens, et nous allons conserver ou même développer ceux qui en ont », a-t-il déclaré.
Concernant l’Afrique, il a réaffirmé son soutien au Plan d’urgence présidentiel pour la lutte contre le sida (PEPFAR), un programme clé dans la lutte contre le VIH. « Je suis un partisan du PEPFAR. J’ai été membre du Congrès. Je suis maintenant secrétaire d’État. C’est un programme que nous voulons poursuivre», a-t-il rassuré.
Le chef de la diplomatie américaine a cependant souligné que l’objectif de ce programme était de réduire progressivement son ampleur : « Si le PEPFAR fonctionne bien, il devrait diminuer au fil du temps, et non pas s’agrandir, car de moins en moins de personnes contractent le VIH ou le transmettent à leurs enfants. »
Rubio a également précisé que certaines formes d’aide humanitaire resteraient en place, notamment lorsqu’elles répondent à des enjeux de sécurité.« Des questions telles que la famine va-t-elle déstabiliser un pays d’une manière qui serait préjudiciable à nos intérêts nationaux et ouvrirait la porte à des djihadistes radicaux ou à d’autres qui voudraient en profiter ? Nous allons continuer à le faire », a-t-il ajouté.
Toutefois, il a dénoncé l’élargissement excessif du concept d’aide humanitaire, estimant que certaines dépenses ne devaient pas incomber au contribuable américain.« Cela ne veut pas dire que ce sont de mauvaises idées. Quelqu’un devrait le faire. Ce ne devrait simplement pas être le contribuable américain », a-t-il nuancé, assurant que des dérogations avaient été mises en place pour garantir la poursuite des programmes de sauvetage, mais a insisté sur la volonté de Washington de recentrer son aide.
« Nous ne nous éloignons pas de l’aide étrangère. Nous nous éloignons de l’aide étrangère qui est stupide, qui gaspille l’argent du contribuable américain », a-t-il précisé.
Pendant ce temps, en Afrique, la suspension de l’aide américaine a déjà des répercussions. En République démocratique du Congo, où les États-Unis finançaient environ 70 % du plan de réponse humanitaire en 2024, plusieurs programmes d’urgence en santé et en hébergement ont dû cesser leurs activités, affectant des milliers de personnes. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a annoncé la suspension de certaines de ses opérations humanitaires en raison de l’arrêt brutal des financements américains, mettant en péril l’aide apportée à environ 1,6 million de personnes, notamment au Burkina Faso et au Soudan.
Malgré les assurances de Rubio, la suspension de l’aide étrangère suscite une vive inquiétude parmi les ONG et les pays bénéficiaires, qui redoutent des conséquences dévastatrices pour les populations vulnérables.
AC/Sf/APA