Le ministre sénégalais de la Communication a appelé jeudi à la professionnalisation des médias du pays et à l’instauration d’un cadre formel de concertation et de suivi.
Au Sénégal, les patrons de presse dénoncent depuis plusieurs mois une pression fiscale accrue de la part des nouvelles autorités. Après avoir observé une « journée sans presse » pour protester contre cette situation, ils ont élargi leur mouvement à l’ensemble des acteurs du secteur, incitant l’Etat à entendre leurs doléances. C’est dans ce contexte que le ministre de la Communication, Alioune Sall, a reçu jeudi la Coordination des associations de presse (CAP), qui lui a soumis les conclusions des Assises de la presse, tenues entre 2022 et 2024.
Alioune Sall a évoqué l’opportunité de mettre en place un cadre formel pour suivre et appliquer les recommandations issues de ces travaux afin de trouver des solutions concertées aux défis du secteur médiatique. « Il est vital pour les médias au Sénégal d’aller vers la professionnalisation pour éviter les dérives notées dans le secteur des médias et aider le secteur à se développer », a-t-il affirmé, selon un communiqué du ministère.
Au cours de la rencontre, le ministre a rappelé que des réformes ont été lancées en juin 2024, avec la création d’une plateforme de déclaration des médias, pour identifier les acteurs en conformité avec les obligations légales. « Les recommandations des assises vont permettre de renforcer le processus déjà enclenché pour une restructuration du secteur », a-t-il ajouté.
Depuis son lancement, cette plateforme a enregistré 167 inscriptions d’entreprises de presse, selon le directeur de cabinet du ministre, Mouhamadou Seck, s’exprimant mercredi lors de l’installation de la commission d’examen et de validation des déclarations des entreprises de presse au Sénégal.
Alioune Sall a également souligné la nécessité de transmettre les recommandations aux autorités compétentes, notamment pour la mise en œuvre de la convention collective, afin d’améliorer la situation contractuelle des professionnels du secteur et de lutter contre la précarité.
Le président de la CAP, Mamadou Thior, a salué un diagnostic exhaustif du secteur et une démarche inclusive, associant divers acteurs : politiques, forces de défense et de sécurité, organisations de la société civile, organisations internationales et religieux.
Le président du comité scientifique, Matar Sylla, a quant à lui insisté sur l’urgence de restructurer et de professionnaliser le secteur, ainsi que de réviser plusieurs dispositions de son cadre normatif. « Les médias peuvent grandement contribuer à la réalisation de la vision déclinée dans le projet de changement structurel Sénégal 2050, le nouveau référentiel des politiques publiques », a déclaré l’ancien directeur général de la télévision nationale RTS.
Selon Matar Sylla, le Sénégal peut accroître l’attractivité économique de son secteur médiatique en créant un écosystème dynamique, en renforçant les compétences des autorités de régulation et d’autorégulation et en adoptant une politique de production audiovisuelle tournée vers l’international.
ODL/Sf/ac/APA