Dans la nuit de vendredi à samedi, un nouveau drame a eu lieu dans le bras de mer séparant les Comores de Mayotte. Selon le témoignage glaçant d’un rescapé, les passeurs auraient délibérément coulé leur embarcation transportant une trentaine de migrants, avant de prendre la fuite.
Un drame migratoire s’est produit dans la nuit de vendredi à samedi entre l’archipel des Comores et Mayotte. Selon un rescapé, les passeurs ont délibérément sabordé leur embarcation avant de prendre la fuite, causant la mort d’au moins 25 personnes.
« Vers 22H, les trafiquants ont fait entrer l’eau dans la coque sciemment en ouvrant le bouchon », témoigne un jeune Comorien de 19 ans, l’un des rares survivants du drame. D’après son récit, les passeurs ont ensuite prétexté une panne moteur et refusé d’appeler les secours, avant de s’enfuir sur une autre vedette, « nous laissant pour morts ».
Sur la trentaine de passagers qui avaient embarqué vers 19H depuis Maraharé, sur l’île d’Anjouan, seules quatre à cinq personnes ont survécu selon les différentes sources. Le jeune rescapé, qui souhaite garder l’anonymat, doit sa survie à ses capacités de nageur. « J’ai pu me maintenir à flot et aider deux autres personnes à s’accrocher à la coque », explique-t-il. Les survivants n’ont été repérés que le lendemain par des pêcheurs.
Les autorités comoriennes ont annoncé l’ouverture d’une enquête. « Nous espérons tirer au clair cette tragédie », a déclaré Fatima Ahamada, porte-parole du gouvernement comorien. Le procureur de Mutsamudu a confirmé qu’une instruction était déjà en cours.
Ce drame s’inscrit dans un contexte migratoire tendu. Le bras de mer de 70 kilomètres séparant les Comores de Mayotte est devenu l’une des routes migratoires les plus dangereuses de la région. La traversée, qui coûte environ 300 euros par personne, attire de nombreux candidats à l’immigration, principalement des Comoriens. Selon les statistiques françaises de 2017, ils représentent près de la moitié de la population de Mayotte, estimée à 320 000 habitants.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) note également une diversification récente des flux migratoires, avec l’arrivée de ressortissants d’Afrique des Grands Lacs, d’Afrique de l’Ouest et de pays d’Afrique australe.
Le survivant, qui a subi des brûlures aux jambes causées par l’essence, hésite désormais à retenter la traversée vers Mayotte, où résident ses frères et où il a lui-même vécu six ans avant d’en être expulsé en mai dernier. Craignant pour sa sécurité, il ne souhaite pas porter plainte, mais espère que « les trafiquants soient retrouvés et jugés parce qu’à cause d’eux, beaucoup de personnes sont mortes ».
APA/Sf/AFP