Les refoulements de migrants irréguliers depuis l’Algérie se poursuivent. Toutefois, les conditions difficiles et souvent inhumaines dans lesquelles ces expulsions sont effectuées ont suscité des critiques de la part des organisations de défense des droits de l’homme.
Depuis le début de l’année 2024, l’Algérie a expulsé près de 20 000 migrants africains vers le Niger, parmi lesquels figurent de nombreuses femmes et des enfants. Ce chiffre alarmant provient d’un rapport d’une ONG nigérienne, Alarme Phone Sahara, relayé par divers médias locaux et agences de presse internationales.
Entre le 1ᵉʳ et le 12 août, les autorités algériennes ont procédé à l’expulsion de plus de 2 000 migrants vers la frontière nigérienne, selon Les Échos du Niger. Le rapport de l’ONG indique qu’au moins 19 798 migrants africains, dont des mineurs et des femmes, ont été arrêtés en Algérie puis transférés vers le Niger depuis janvier 2024. Ces migrants ont été abandonnés à environ 15 kilomètres de la ville désertique d’Assamaka, à la frontière entre le Niger et l’Algérie. Ils auraient été hébergés dans des centres de transit de l’Organisation internationale pour la migration (OIM) avant d’être envoyés dans d’autres centres à Arlit ou Agadez.
Les conditions de ces expulsions sont décrites comme brutales par un responsable de l’ONG, cité par des agences de presse internationales. Alarme Phone Sahara, qui se présente comme une organisation de secours aux migrants dans le désert entre l’Algérie et le Niger, affirme avoir recueilli des témoignages d’abus, de violences et de confiscation des biens des migrants par les forces algériennes.
L’Algérie, ainsi que la Libye et la Tunisie, sont considérées comme des points de passage majeurs pour les migrants venant d’Afrique subsaharienne, qui tentent de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
En avril dernier, les autorités nigériennes avaient convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour protester contre le caractère violent des opérations de rapatriement de migrants. En réponse, Alger avait convoqué l’ambassadeur nigérien, qualifiant les accusations de Niamey de sans fondement. Malgré cet incident diplomatique, les relations entre les deux pays voisins ont connu un nouvel élan de solidarité, notamment en raison des inondations qui ont frappé le Niger depuis le début du mois d’août. Le 19 août, l’Algérie a envoyé quatre avions chargés d’aide alimentaire et médicale vers le Niger.
L’ONG Alarme Phone Sahara a documenté de nombreux cas de violences et d’abus commis par les forces algériennes contre les migrants.
En dépit des tensions diplomatiques, l’Algérie et le Niger continuent de coopérer sur des projets économiques et humanitaires. La reprise des activités de Sonatrach au Niger et l’envoi d’aide humanitaire en réponse aux inondations témoignent de la volonté des deux pays de renforcer leurs relations bilatérales.
MN/Sf/ac/APA