Les proches de Foniké Menguè et Billo Bah ont dénoncé, vendredi à Dakar, la répression du régime putschiste en Guinée, demandant une preuve de vie pour leurs camarades portés disparus depuis un mois.
En Guinée, l’inquiétude grandit autour du sort des activistes Oumar Sylla, alias « Foniké Menguè », et Mamadou Billo Bah, membres du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Ces militants, arrêtés au début du mois de juillet par les hommes de la junte militaire au pouvoir, demeurent introuvables depuis plus d’un mois.
Leurs proches et camarades, réunis vendredi à Dakar, la capitale sénégalaise, ont exigé des autorités guinéennes une preuve de vie de ces deux figures de la lutte pour la démocratie guinéenne.
« Ils ont été arrêtés et conduits à des destinations inconnues. Et jusqu’à présent, ils n’ont pas fait signe de vie », a déclaré Alpha Bayo, un activiste guinéen qui a réussi à s’exiler et qui se dit témoin du « kidnapping » de ses camarades. Lors d’une conférence de presse organisée à Dakar par le mouvement sénégalais « Tournons La Page », il a exprimé sa vive inquiétude face au silence des autorités guinéennes.
Depuis que Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir par un coup d’État en septembre 2021, la répression contre les voix dissidentes et les médias s’est intensifiée en Guinée. Le FNDC, un des rares mouvements de la société civile à continuer de dénoncer la détérioration de la situation des droits humains et la hausse du coût de la vie, a été dissous par la junte. Aujourd’hui, « les acteurs politiques et de la société civile n’ont plus le courage de s’exprimer, de peur de représailles. Ce n’est pas ce que nous voulions pour notre pays », a souligné M. Bayo, qui a fui la Guinée pour échapper à la répression.
Alexandre Gubert Lette, coordonnateur de « Tournons La Page », a qualifié la disparition de Foniké Menguè et Billo Bah de « kidnapping », dénonçant une situation « alarmante et inadmissible ». Selon lui, « la disparition de ces deux militants représente une menace directe contre les voix libres et courageuses qui, au péril de leur vie, défendent la liberté et la justice en Guinée ». Il a exprimé la solidarité de la société civile sénégalaise avec les familles des disparus et tous ceux qui luttent pour les droits humains en Afrique.
En outre, M. Lette a exhorté les autorités guinéennes à fournir rapidement une preuve de vie pour ces deux activistes et à clarifier les circonstances de leur arrestation. « Il est impératif que les autorités guinéennes agissent de manière transparente et diligente pour clarifier les circonstances de leur disparition et garantir leur sécurité. Nous interpellons également la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine, ainsi que la communauté internationale », a-t-il insisté, notant que « cette affaire ne doit pas être étouffée ni oubliée ».
ODL/te/Sf/APA