Le président sénégalais est rentré à Dakar dimanche après avoir participé dans la matinée à son premier sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao). Il s’est prononcé sur le mandat de médiateur auprès de trois pays de l’AES que lui a confié le Président Tinubu.
Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été largement discuté dimanche à Abuja, au Nigéria, lors du 65e sommet ordinaire de l’organisation régionale. Élu à la tête du Sénégal il y a plus de trois mois, le président Bassirou Diomaye Faye a été mandaté par son homologue nigérian Bola Tinubu, président en exercice de la Cédéao, pour demander aux trois pays sahéliens de reconsidérer leur position. Un rôle que le président sénégalais a accepté d’assumer.
« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Notre responsabilité, c’est de travailler à rapprocher les positions, à les réconcilier, à faire en sorte qu’il puisse y avoir une plage de dialogue entre l’organisation et les parties prenantes, notamment l’Alliance des États du Sahel (AES) », a déclaré le chef de l’État sénégalais à son arrivée à l’aéroport de Dakar, sous de fortes pluies annonçant le début de l’hivernage. Cette nouvelle organisation a été fondée en septembre 2023 par le Burkina, le Mali et le Niger, trois mois avant l’annonce de leur départ de l’organisation régionale.
Alors que les dirigeants militaires de ces trois pays ont précisé que leur départ était « avec effet immédiat », les textes de la Cédéao stipulent que les pays membres candidats à une sortie sont soumis à une période d’attente d’un an. Le président Faye, qui s’est déjà rendu à Bamako et Ouagadougou, veut utiliser ce délai pour tenter d’infléchir la position des pays de l’AES.
« J’espère qu’avant la fin du délai de préavis, il y aura suffisamment de discussions pour réconcilier les positions et renforcer l’organisation afin qu’elle puisse mieux relever les défis communs auxquels nous sommes confrontés », a souligné le chef de l’État de 44 ans, qui a appelé dimanche la Cédéao à « se débarrasser des clichés et stéréotypes qui la réduisent à la posture d’une organisation soumise aux influences de puissances extérieures, et distante des populations qu’elle a la responsabilité historique de servir ». Cette critique est en effet formulée par Bamako, Niamey et Ouagadougou, affirmant que la Cédéao est inféodée à des puissances occidentales telles que la France.
Se décrivant comme un panafricaniste et un souverainiste, Bassirou Diomaye Faye a rappelé, dans son message, le tour des pays de l’organisation qu’il a effectué, en particulier ceux ayant des velléités de départ, juste après son élection fin mars. « L’objet de (mes) visite(s) a été de travailler au raffermissement des relations déjà très bonnes et conviviales entre le Sénégal et les différents pays de la Cédéao. Mais aussi de travailler à un rapprochement des positions, comme nous le savons, très distendues entre l’organisation et ces trois pays-là », a-t-il noté.
Le Président Faye souligne que l’institution communautaire, qui voulait s’attaquer militairement au Niger il y a quelques mois, avant de faire face à la défiance du Mali et du Burkina qui s’y opposaient fermement, « a décidé de travailler à l’apaisement » aujourd’hui avec les trois pays. Il semble optimiste quant aux résultats positifs que pourrait obtenir la diplomatie sénégalaise dans cette entreprise de médiation qu’il va diriger face aux pays de l’AES.
« Le Sénégal est un grand pays, pas par la superficie, mais par les hommes qui ont incarné les institutions, particulièrement ceux qui ont animé la diplomatie depuis l’indépendance de notre pays, et qui nous ont forgé une respectabilité que nous devons préserver et renforcer », a-t-il rappelé.
ODL/ac/Sf/APA