Les pays pauvres en subissent les conséquences les plus lourdes avec des pertes estimées à 10 % de leur PIB, voire plus, souligne le rapport du Gerard J. Mangone Climate Change Science and Policy Hub de l’université du Delaware (États-Unis).
Les pertes et dommages font référence aux conséquences négatives résultant des risques inévitables du changement climatique, comme l’élévation du niveau de la mer, les vagues de chaleur prolongées, la désertification, l’acidification de la mer et les événements extrêmes, tels que les feux de brousse, l’extinction d’espèces et les mauvaises récoltes. À mesure que la crise climatique se propage, ces événements se produiront de plus en plus fréquemment et leurs conséquences deviendront plus graves.
Pour y faire face, la 27e Conférence des Nations Unies sur le climat ( COP 27 ) avait jeté les germes de la création d’un Fonds pour les pertes et dommages. Les représentants de 24 pays devaient travailler ensemble au cours de l’année 2023 pour décider quelle forme le fonds devrait prendre, quels pays devraient contribuer, et où et comment l’argent devrait être distribué.
Alors que la COP28 qui s’ouvre demain à Dubaï (Émirats arabes unis) devrait adopter un cadre pour ce nouveau fonds, le Gerard J. Mangone Climate Change Science and Policy Hub de l’université du Delaware (États-Unis) publie un rapport recensant les pertes au niveau mondial.
Selon l’étude, à l’échelle mondiale, le changement climatique a entraîné une perte de 6,3 % du PIB pondéré en fonction de la population en 2022. Le pourcentage non pondéré du PIB mondial perdu est quant à lui estimé à 1,8 %, soit environ 1 500 milliards de dollars. La différence entre ces deux chiffres reflète la répartition inégale des impacts, qui se concentrent dans les pays à faible revenu et les régions tropicales, généralement plus peuplés et moins riches en PIB, souligne le document.
En effet, note le rapport, les pays les moins avancés sont exposés à une perte moyenne de PIB de 8,3 %, pondérée en fonction de la population, et l’Asie du Sud-Est et l’Afrique australe sont particulièrement touchées, avec des pays perdant respectivement 14,1 % et 11,2 % de leur PIB en moyenne.
L’analyse révèle également la dynamique complexe entre le changement climatique, les résultats économiques et les investissements en capital. Les pays à revenu faible et intermédiaire sont confrontés à d’importantes pertes de capital, ce qui pose des problèmes pour leur résilience et leur croissance économiques à long terme. Les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ont subi des pertes de capital de 2,1 trillions de dollars en raison du changement climatique, détaille la recherche.
En combinant le PIB et les pertes de capital, l’analyse révèle que les pays à revenu faible ou intermédiaire ont subi une perte totale de 21 000 milliards de dollars depuis l’adoption de la convention de Rio en 1992.
« Le monde s’est appauvri de milliers de milliards de dollars à cause du changement climatique, et la majeure partie de ce fardeau pèse sur les pays pauvres. J’espère que ces informations permettront de clarifier les défis auxquels de nombreux pays sont déjà confrontés aujourd’hui et le soutien dont ils ont besoin de toute urgence pour les relever », déclare l’auteur de l’étude et professeur adjoint à l’université du Delaware (États-Unis), James Rising.
Selon ce dernier, l’analyse s’appuie sur 58 modèles économiques et utilise l’apprentissage automatique pour produire une « meilleure estimation » des pertes actuelles de PIB et de richesse en capital dues au changement climatique. « Les dix dernières années ont vu une révolution dans la façon dont nous comprenons les risques macroéconomiques, et ce rapport construit une synthèse de toutes ces idées », affirme-t-il.
Le rapport fournit des estimations d’impact pour les principaux groupes de négociation de la COP et les parties prenantes concernées, telles que le Forum sur la vulnérabilité climatique. Tous les groupes parties à la CCNUCC, à l’exception de l’UE, ont subi des pertes totales, les pertes les plus importantes étant celles du G-77, qui s’élèvent à 29 000 milliards de dollars. Ces pertes devraient être des estimations prudentes, étant donné que d’importants canaux d’impact et des pertes non marchandes ne sont pas inclus dans l’analyse, conclut le rapport.
ARD/ac/APA