Considéré comme un modèle démocratique en Afrique, le Sénégal ne dispose paradoxalement pas d’une loi sur l’accès à l’information alors que le processus pour son avènement a été lancé il y a plus de quinze ans.
Une presse libre et indépendante est l’un des principaux marqueurs des démocraties modernes dans le monde. L’accès à l’information, matière première des professionnels des médias, y est encadré par des textes qui en empêchent le contrôle par les pouvoirs publics.
Au Sénégal, on n’en est pas encore là malgré l’adhésion au Partenariat pour un Gouvernement Ouvert en 2018. Travailler sur certains sujets d’intérêt public s’apparente à un chemin de croix. Dans ce contexte, seule l’adoption d’une loi, contraignante par essence, permettra de donner corps à l’article 8 de la Constitution qui consacre le droit du citoyen sénégalais à une « information plurielle ».
C’est en tout cas le but poursuivi par la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), l’ONG de défense des droits de l’Homme Article 19 et le Forum civil, section sénégalaise de Transparency International.
Dans une approche commune, les trois structures ont convié une trentaine de journalistes locaux à un atelier de renforcement de capacités sur le contenu des avant-projets de textes sur l’accès à l’information. Au cours de la rencontre, tenue le mercredi 2 août, Migui Marame Ndiaye, le président de la CJRS, a constaté que « le Sénégal traîne les pieds » avant d’inviter « les autorités étatiques à appuyer sur l’accélérateur pour que cette loi puisse être votée le plus rapidement possible ».
Toutefois, M. Ndiaye a mis en garde contre l’adoption d’une loi qui ne prendrait pas en considération les véritables aspirations de la presse. « Nous faisons le tour du pays pour parler de la loi sur l’accès à l’information avec nos confrères et consœurs alors que nous n’avons pas la dernière mouture qui sera soumise pour vote à l’Assemblée nationale. Nous ne savons pas en réalité ce qu’elle contient», a-t-il regretté. Selon Abdoulaye Ndiaye, chargé de programme à Article 19, la dernière mouture qui avait été présentée à la société civile a subi des modifications sans que celle-ci n’ait son mot à dire.
Pour sa part, Matar Sall, Coordonnateur général adjoint du Forum civil, a soutenu que son organisation « continuera d’initier ou d’accompagner toute action allant dans le sens de l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information qui sera bénéfique aux professionnels des médias. Car l’obligation de fournir l’information va exister. Et le Sénégal ne fera que se conformer à ses engagements internationaux ».
En effet, a rappelé M. Sall, par ailleurs l’un des rédacteurs du premier draft du texte en question, « notre pays a (notamment) ratifié la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, les Conventions contre la corruption des Nations Unies et de l’Union Africaine ».
ID/APA