Après Bah Oury, un autre homme politique a livré son témoignage sur les évènements tragiques du 28 septembre 2009.
« Je suis devant ce tribunal ni pour accuser ni pour disculper quelqu’un ». C’est par ces mots que François Lounceny Fall, à l’époque président du Front uni pour la démocratie et le changement (Fudec) a entamé son témoignage, mardi 28 mars.
Ce diplomate onusien était au stade le jour du massacre du 28 septembre 2009. La répression de ladite manifestation organisée par l’opposition d’alors et des organisations de la société civile contre la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de l’ancienne junte a fait 157 morts et au moins 109 victimes de violences sexuelles.
Dans sa déposition, l’ex Premier ministre de Lansana Conté de février à avril 2004, a décrit une violence rarissime dont les leaders tels que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, feu Jean Marie Doré, Mouctar Diallo, et lui-même et leurs militants ont subi.
Selon lui, ce sont des militaires proches du nommé Marcel Guilavogui, un des mis en cause, qui étaient à l’œuvre. Il affirme que ce soldat proche de Moussa Dadis Camara leur a administré des coups à l’aide de son arme.
« Il y a un groupe de militaires qui est venu que je considère comme celui de Marcel. C’est ce groupe qui nous a administré des coups. Sidya Touré a reçu un violent coup. Des crosses de fusil sur sa tête, le sang a jailli », s’est-il souvenu.
Sauvé par l’arrivée de Toumba Diakité qui les a fait sortir des lieux pour les embarquer dans son véhicule, il soutient que Marcel Guilavogui et son groupe les ont poursuivis.
A l’en croire, même hors du stade, dans le véhicule de Toumba Diakité, le soldat Marcel a molesté Sidya Touré.
« A un certain moment, il a donné un violent coup de matraque à Sidya Touré, j’ai ressenti la douleur parce que c’était en plein visage. Sidya lui a dit, ‘’ qu’est-ce que je t’ai fait ?’’ Marcel lui a répondu, ‘’ Vous n’allez jamais gouverner ce pays, on va vous tuer tous’’. Il menaçait. Nous étions pris de frayeur », a-t-il expliqué.
L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Alpha Condé a poursuivi son témoignage, relatant que le soldat Marcel les a suivis à la clinique Ambroise Paré et a menacé d’utiliser une grenade contre la structure sanitaire si jamais celle-ci recevait les hommes politiques qui y étaient transportés par Toumba Diakité.
Face à cette situation, l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara aurait pris la décision de les conduire à l’Etat major de la Gendarmerie où, indique M. Fall, «Sidya Touré a reçu les soins premiers soins ».
François Lounceny Fall a demandé au tribunal d’accorder une importante compensation aux victimes.
« Je ne demande rien au tribunal. Je suis là pour apporter mon témoignage sur ce qui s’est passé et dans l’espoir de contribuer à la manifestation de la vérité. Je souhaite que le tribunal tienne compte de cela. Je pense que nous devons nous unir pour faire face à cela », a-t-il ajouté..
C’est à la suite des questions des avocats de Toumba Diakité que le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a renvoyé l’audience au 29 mars.
ASD/ac/APA
