La consolidation et l’assainissement des finances publiques, à partir de cette année et à moyen terme, devrait aider à contenir l’envolée des prix selon le Fonds Monétaire International (FMI).
En 2022, le Sénégal a connu une inflation moyenne à 9,7 %, « le taux le plus élevé depuis plusieurs décennies », a déclaré, mardi, Edward Gemayel, chef d’une mission du Fonds Monétaire International (FMI) au terme d’une visite à Dakar.
« Pour 2023, l’activité économique devrait s’accélérer par rapport à l’année passée bien qu’à un rythme plus lent qu’initialement projeté, tandis que l’inflation devrait reculer à environ 5 % grâce à la consolidation et l’assainissement des finances publiques », a soutenu M. Gemayel lors d’une conférence de presse.
Optimiste, l’agent du FMI a fait savoir que grâce aux mesures qui seront prises cette année et dans un futur proche, « l’inflation devrait converger à 2 % voire 3 % à moyen terme ».
Sur cette même lancée, le chef de mission du FMI au Sénégal a indiqué que les perspectives à moyen terme restent favorables et devraient bénéficier à la fois du démarrage de l’exploitation du pétrole et du gaz et la mise en œuvre de réformes structurelles visant à surmonter les principaux obstacles au développement du secteur privé dans le cadre de la phase 3 du Plan Sénégal Emergent (PSE).
« Si la production de pétrole démarre à la fin de l’année comme prévu, la croissance du PIB est projetée à environ 8%, cependant, si elle est reportée à l’année prochaine, la croissance est prévue à 5 % ou 5,3 % », a-t-il affirmé.
Revenant sur les performances de l’économie sénégalaise en 2022, il a relevé que celle-ci a connu un ralentissement plus marqué que prévu de son Produit Intérieur Brut (PIB) et de sa croissance. Cette dernière s’est établie, d’après lui, à 4 % contre 4,8 % initialement prévue en raison d’une baisse de la production agricole et industrielle.
S’agissant de la dette publique, elle est estimée « à 75 % du PIB dont 67,5 % pour le gouvernement central », a-t-il dit, précisant qu’elle « est toujours soutenable, mais la marge de manœuvre (de l’Etat) a été épuisée à cause des déficits enregistrés ces trois dernières années ».
« Pour la dette, ce n’est pas le montant qui est important, mais la capacité du pays à la rembourser. Et le Sénégal n’a pas de problème pour payer le service de la dette », a-t-il assuré, signalant toutefois qu’en cas de nouvelle crise, Dakar « n’aurait plus la marge pour s’endetter ou pour avoir un déficit élevé ».
Plusieurs pays de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine ont de plus en plus du mal à lever des fonds sur les places financières. Pour M. Gemayel, « les premiers signes d’un resserrement des conditions de financement sur le marché régional des titres publics appellent à la vigilance et à l’élaboration d’un plan de contingence ».
Partant de là, il a souligné que « dans ce contexte, l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales et la rationalisation des dépenses publiques non prioritaires contribueront à atténuer les pressions financières tout en préservant la viabilité de la dette ».
Edward Gemayel était à Dakar en vue des négociations pour un nouveau programme économique et financier pour le Sénégal. A ce propos, il a fait savoir que qu’aucune discussion formelle n’a commencé et que les négociations débuteront en marge de la réunion de printemps du FMI.
Le FMI et le gouvernement ont toutefois échangé des idées autour d’un programme de trois ans qui se concentrerait sur trois domaines clés : le renforcement de la résilience des finances publiques, l’amélioration de la gouvernance par la transparence et le soutien à la résilience socioéconomique à travers le renforcement du dispositif de protection sociale.
Le Sénégal est également en pourparlers pour bénéficier de la facilité de résilience et durabilité contre le changement climatique, nouveau programme du FMI lancé en 2021.
ARD/ac/AP