Le chef de l’Eglise catholique d’Eswatini a averti que le royaume d’Afrique australe pourrait sombrer dans une guerre civile.
Cette sortie de l’Evêque de Manzini, Jose Luis Ponce de Leon est motivée par les blocages dans le dialogue entre les parties prenantes après les récents troubles politiques dans le pays.
Le religieux a déclaré qu’il craignait que les violences qui secouent le pays depuis juin 2021 ne « dégénèrent en un conflit de bien plus grande ampleur ». « Si nous ne parvenons pas à briser ce cercle, les choses peuvent devenir hors de contrôle », a-t-il déclaré dans une interview à Radio Vatican publiée lundi.
Et d’ajouter : « la violence augmente lentement et les gens continuent à s’y adapter. Elle devient, comme nous le disions pendant le Covid, une partie de la nouvelle normalité, nous acceptons simplement cela comme une conséquence naturelle et nous ne réagissons plus ».
Eswatini a connu crise sans précédent en juin 2021 quand des militants favorables à la démocratie sont descendus dans les rues de la capitale Mbabane et de la ville voisine de Manzini pour protester contre la mort d’un étudiant en droit. La police était soupçonnée d’avoir tué l’étudiant.
Les violences ont entraîné le meurtre de Thulani Maseko, éminent avocat et militant des droits de l’homme d’Eswatini, abattu à son domicile de Manzini le 21 janvier. Le pasteur De Leon a déploré la réponse tiède des autorités d’Eswatini aux appels au dialogue pour résoudre la crise politique.
« En tant que Conseil des Eglises, nous avons proposé de suivre la voie du dialogue et avons commencé à rencontrer différents groupes – partis politiques, ONG – pour comprendre quelles sont leurs demandes, ce qu’ils pensent être la voie à suivre », a-t-il déclaré.
La SADC préoccupée
Poursuivant, il indique : « malheureusement, je n’ai pas connaissance de mesures prises depuis un an et demi en faveur du dialogue, car le gouvernement dit oui, le dialogue aura lieu, mais il ne peut pas avoir lieu au milieu de la violence ». L’évêque a cependant décrit le sentiment d’être pris dans un cercle vicieux dans lequel « certains groupes disent que parce qu’il n’y a pas de dialogue, nous nous tournons vers la violence », et a averti que « si nous ne sommes pas capables de briser ce cercle, les choses peuvent devenir hors de contrôle ».
Il a déclaré que la violence à Eswatini est alimentée par le chômage, la pauvreté, le manque d’infrastructures et par le sentiment que le roi et le gouvernement font la sourde oreille aux demandes de la population. En raison de la détérioration de la situation en Eswatini, la Communauté de développement de l’Afrique australe a exprimé le mois dernier son inquiétude face à l’absence de progrès dans le processus de dialogue.
JN/fss/cgd/APA