Surnommées « Ecureuils » depuis un demi-siècle, les sélections nationales de sport du Bénin portent désormais le nom de « Guépards ».
Les réseaux sociaux s’enflamment autour du sujet. Dans la rue, le débat fait rage. Six mois après l’annonce de l’abandon du surnom « Ecureuils » par la Fédération béninoise de football (FBF), la mesure est entrée en vigueur le 17 février 2023. Dans un communiqué, le ministre béninois en charge des Sports, Oswald Homéky, a validé « Guépards » comme le nouveau surnom des équipes nationales masculines. Concernant les dames, elles héritent du surnom « Les Amazones du Bénin ».
En août 2022, la FBF soutenait que « le surnom donné à l’équipe nationale devait faire écho auprès de la population et refléter nos fortes ambitions dans le monde du sport ». Pourtant dans l’opinion publique, beaucoup estiment que les performances de la sélection nationale ne dépendent pas de son appellation.
Modeste Aniwanou, qui capitalise de nombreuses années d’expérience dans le journalisme sportif, affiche clairement son opposition à ce changement de nom. Il rappelle que l’équipe nationale de football s’est hissée en quart de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) en 2019 avec le surnom Ecureuils.
« Est-ce que c’est en portant le nom Guépard que l’équipe a atteint ce niveau ? Pas du tout », proteste Aniwanou. Pour lui, les bons résultats s’obtiennent dans la façon de gérer l’équipe et l’importance donnée à la formation des joueurs sur la base de la recherche et l’encadrement de talents partout où ils se trouvent dans le pays.
Pas le premier changement de nom
Joel Adjadohoun, un autre journaliste sportif, fait la même lecture. D’après lui, le nom d’une sélection nationale n’a pas d’impact sur les performances des joueurs. « On a mieux à faire que d’aller changer de nom. La France s’appelle Coq Sportif mais elle n’a jamais eu peur devant les Lions d’Angleterre » battus (2-1) en quart de finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar, justifie-t-il.
En convoquant l’histoire de la sélection, le journaliste raconte que Nobert Imbs, le premier président de la Fédération béninoise de football, a donné le nom Ecureuils à l’équipe nationale parce que, d’après lui, cet animal est le rongeur qui atteint le plus vite la cime des arbres parmi les siens.
Adjadohoun rappelle aussi qu’entre 1972 et 1990, au moment où le Bénin était sous un régime marxiste-léniniste, la sélection nationale était baptisée Etoile Rouge du Bénin. « L’Etoile Rouge du Bénin est redevenue Ecureuils juste après la conférence nationale. Peut-être que le nom Ecureuils va revenir quand ceux qui sont aux affaires maintenant, ne seront plus là», estime le journaliste.
Fervent supporteur de l’équipe nationale de football, Martin Falola dit « Epassé » marque aussi son désaccord par rapport à ce changement de nom. « Mon Dieu m’ordonne de respecter les autorités donc je les respecte mais cela ne m’empêche pas d’exprimer ce que j’ai sur le cœur par rapport à ce changement de nom », note le septuagénaire, se disant sceptique sur l’avenir des Guépards après avoir accompagné les Ecureuils pendant plusieurs décennies.
Changer les résultats
Elu meilleur supporter de l’équipe nationale en 1996, « Epassé » soutient que « seul le travail paye ». Entre Écureuils et Guépards, il marque clairement sa préférence pour le premier surnom. « Pépé Epassé », comme l’appellent les habitants de Cotonou, la capitale économique du Bénin, recommande plutôt de revoir la méthode de travail autour de l’équipe nationale en perte vitesse ces dernières années sur la scène africaine du football.
En revanche, certains Béninois comme l’agent de joueurs Fridich Agbèdè approuvent la décision de la FBF de rebaptiser les sélections nationales. « On doit avoir un nom accrocheur comme la plupart des équipes au monde », soutient-il, espérant que les Guépards « vont enfin se réveiller sur le terrain » parce que les Écureuils « dormaient trop ».
Il invite la fédération à ne pas seulement se limiter à ce changement, mais « à revoir sa copie » pour plus de performances des sélections béninoises. « Tout est lié », rappelle M. Agbèdè sans omettre de saluer la nomination du technicien franco-allemand Gernot Rohr à la tête de l’équipe nationale de football.
L’ancien sélectionneur du Nigeria « est un averti du football. Il saura comment inculquer la rigueur aux joueurs », promet-il. Depuis le 14 février 2023, la FBF l’a choisi pour succéder au Français Michel Dussuyer. Gernot Rohr arrive au Bénin muni d’une longue expérience sur les bancs de touche de plusieurs sélections africaines comme le Gabon, le Nigéria, le Burkina Faso ou encore le Niger.
RK/odl/te/APA